dimanche 14 février 2010

Observation participante en milieu aquatique londonien

Pour me sortir de la torpeur et la mollesse hivernale, j'ai pensé qu'il était temps de reprendre la seule activité physique que je supporte, et apprécie, même : la piscine. Après y avoir été entraînée une fois, je me suis souvenue de cette formidable sensation de légère fatigue, de délassement, mêlé d'un peu de fierté qui suit les séances. Alors, résolue, je me tiens à mon rythme et me donne de petits challenges de motivation.

Rien de bien particulier aux piscines anglaises, si ce n'est que l'on peut garder figure humaine décente car le bonnet n'y est pas imposé.

Le fait culturel intéressant à noter est que l'on y retrouve les mêmes figures récurrentes que dans les piscines parisiennes. Marion en avait parlé ; tout à fait de son avis, je tiens tout de même à le compléter par le portrait de deux autres spécimens caractéristiques de l'environnement aquatique urbain. N'y voyons là aucun jugement de valeur ni critique : c'est de l'observation participante de la plus pure tradition ethnologique.

D'abord, l'asiat'-qui-mate.
L'asiat-qui-mate est un personnage que l'on (je) retrouve dans l'immense majorité des piscines urbaines ; il est donc d'origine asiatique, d'allure très sportive, fin et sec. Il se déplace plus vite que le vent, et vous ne savez jamais s'il est toujours là ou déjà parti dans les profondeurs des douches.
Il fuse sous l'eau, sur l'eau, hors de l'eau, selon les diverses nages empruntées, qu'il maîtrise jusqu'au bout de ses dix doigts effilés. Son élancement lui permet, semble-t-il, de traverser les 30 mètres du bassin sans faire jaillir la moindre gouttelettes sur ses concitoyens de ligne.
Cependant, si vous parvenez à l'observer, tant il est discret, vous observerez que l'asiat'-qui-mate, même s'il paraît tout occupé à son salto arrière de bout de ligne, a vraiment l'air de pointer ses lunettes vers vous, sous l'eau ... Cette fâcheuse tendance, quoique passablement irritante de prime abord, finit par être tolérable. Car, contrairement à la morue bikini ou au gesticulator, l'asiat-qui-mate ne pollue guère votre espace vital. Qui plus est, il suffit généralement, lorsque vous parvenez à croiser le coupable, de soutenir un regard ferme (avec surélévation du sourcils droit) pour que l'asiat-qui-mate se concentre sur un autre corps immergé.

Le cas du BGR, le beau-gosse-relou
Ce spécimen des eaux chlorées a pour caractéristique d'être de belle facture, catégorie jeune-cadre-dynamique ; sans doute un peu trop dynamique, même. Habitué du bassin, il le visite au minimum 3 fois par semaine, pour une bonne heure d'aller-retour inninterrompus d'exercice. Le BGR prend une allure de professionnel aérodynamique ; ses mouvements sont précis et assurés.
S'il maîtrise le crawl à la perfection, le BGR semble convaincu que la performance provient de la taille de la zone d'éclaboussement provoqué par son battement du pied gauche. C'est là le seul et le très gros inconvénient du BGR : son pied gauche envoie un jet d'un bon mètre cinquante de haut, jet qui se répand donc selon la formule bien connue :
∑ (Pression Du Pied Gauche x T° de l'eau) - Ω Vitesse du BGR * π = 2,7 m, soit le diamètre de la zone touchée. Evidemment, le BGR nage dans la ligne centrale, ce qui lui garantie de n'épargner personne.

Deux techniques tentées pour lutter contre les désagréments du BGR :
1) Technique British : profiter d'un instant de répis pour héler l'individu, adopter un sourire freedent, mettre les formes. En pratique : "excuse me, Mr BGR, do you think il serait possible de éventuellement essayer d'arrêter de splasher everybody autour ?"
Malencontreusement, mon BGR n'a pas eu l'air de vouloir adopter la politesse british ; il m'a donc répondu et répété 3 fois : "Is it a joke ???" Mauvaise technique, donc, car il est reparti de plus belle (en me visant précisément, semble-t-il).
2) Techique Evitement : Repérer les horaires du BGR, et décaler les siennes. Efficace.

Bon, ceci dit, quoi de neuf dans la vie sucrée de Londres ?

Pour se récompenser de ces kilomètres parcourus, je ne peux que vous conseiller de déguster la meilleure tartelette de Londres : panna cotta, pamplemousse confit, datte. Où ? Au salon de thé du Sketch, of course. (9 conduit street, London W1S 2XG)




Sans oublier l'arrivée de Mr Hermé, avec un stand macarons et chocolats chez Selfridges (400 Oxford Street, London)
, avant l'ouverture d'une boutique vers Belgravia d'ici trois mois.


Merci encore pour l'invitation, Mr PH, j'en ai encore mal à la tête.

Rendez-vous d'ici quelques jours pour le compte-rendu du OFF 5 à Deauville, où le choix entre les démos risque d'être cornélien. Souvenez-vous, l'an dernier ...