Hasardeusement intercalé entre octobre, lui-même caractérisé par la prolongation harmonieuse de septembre et sa cohorte d’événements de rentrée (rentrée littéraire, rentrée scolaire, rentrée auriculaire – noter ici la maîtrise totale du dictionnaire des rimes) et décembre, mondialement réputé pour ses réjouissances et indigestions festives et familiales, novembre semble être le débris mal-aimé de du calendrier, la vieille miette perdue au fond du lit et qui y demeurera jusqu’à complète absorption par nos amis acariens, le rejeton honteux dont on ne peut pas ouvertement se débarrasser (à moins de succomber au geste hype du moment, le ligotage-congelage, mais l’actualité récente nous prouve que ce type d’initiative est voué à être découvert et condamné).
Il a donc fallu le caser discrètement, tout en le ponctuant de quelques évènements d’intérêt mineur afin de ne pas éveiller les soupçons quand à sa vanité absolue.
C’est ainsi que le mois de novembre s’ouvre sur la Toussaint : je sais pas pour vous mais perso je fréquente pas trop les Saints, à la rigueur Saint-Lazare, mais sinon je sais pas, c’est peut-être leur air vaguement vénérable, ça me crispe.
La célébration est donc de courte durée, et nous pouvons tranquillement aller faire quelques emplettes dans les temples de la consommation du coin, bien vivants, eux, et grands ouverts aux fidèles pour l’occasion.
A ce stade, nous ne remarquons donc pas encore le changement de mois qui s’installe en toute perfidie.
Paradoxalement, ce n’est que lorsque l’épidémie foudroyante de rhumatite aigue débarque que l’on remarque enfin que quelque chose a changé : l’esprit habitant le corps flasque et grelottant s’éveille, entre mouchoirs et stérimar, et remarque qu’en dehors de la couette, point de salut, puisqu’il y fait très froid et qu’il n’y a pas encore de vendeurs de marrons grillés en doudoune fourrée, qu’il est encore un peu tôt pour s’atteler à la rédaction des bonnes résolutions du nouvel an – et puis de toute façon celles de la rentrée de septembre n’ont pas encore fait tout à fait été exploitée jusqu'au bout, alors à quoi bon.
Nous continuons donc tranquillement à ne pratiquer aucune activité sportive hormis cuisiner, déjà bien périlleux, manger beaucoup trop de chocolat pour une physionomie de type « normal, sans superpouvoirs métaboliques saillants», et à reporter quelques impératifs (« call Suzanne the conseillère financière, cause trou de la sécu sur mon compte, rapport à Londres »).
Il y a en plus des années particulièrement calamiteuses en matière de novembre, par exemple, au hasard, celle-ci, où le 11 novembre a le mauvais goût de tomber un dimanche, comme si vous alliez prendre votre dimanche pour mener une réflexion tolstoïenne sur l’inanité de la belligérance dans le monde et l’amitié profonde que vous portez au peuple allemand.
(interruption intempestive : je viens de choper la présentatrice de France Inter en flagrant délit de novembrasthénie foudroyante : à propos des grèves, des morts, des armistices « mouais, enfin bon, un jour de novembre quoi »
Il ne reste donc plus qu’à attendre d’atteindre la lumière au bout de ce long et ténébreux tunnel, parsemé de partiels par-ci, recherche de stage par-là. Mais vous pouvez faire confiance aux magasins et magazines pour anticiper sur décembre : le Monop flamboie déjà de mille et une paillettes noëlesque signifiant subrepticement que si vous n’avez pas commencé à préparer les mises en bouche du réveillon, vous êtes à la fois clairement irresponsable et totalement indigne de la société ; l’horoscope de votre magazine repose-neurones favori vous rappelle que votre anniversaire approche à pas de géant vert, et vous êtes absolument effarée d’apprendre qu’en 2008, vous « embrasserez des projets excitants – mission humanitaire ou adoption ».
Heureusement, quelques loupiottes frétillantes parsèment le chemin, comme la semaine du Fooding, la semaine anglaise, de petits concours blogoculinosphérien, ou un anniversaire royal approchant, accompagné d’un défi culinaire.
Et puis on peut toujours compter sur les cheminots et les étudiants – qui s’ennuient déjà pas mal toute l’année – pour chauffer un peu l’ambiance avec quelques grèves. A partir de mardi soir, le mode autarcie est enclenché, réserves de dvd, livres et purée de noisettes à l’appui, merci de ne pas déranger.
Et puisqu’il faut faire des réserves caloriques – on n’est jamais trop prudent, la route du monop pourrait être envahie par une foule revendicative en délire, une tempête de marrons glacés pourrait s’abattre sur la ville, le bitume pourrait se mettre en grève et se transformer en une masse visqueuse de type sables mouvants contrecarrant toute tentative de ravitaillement, et puisque c’est la semaine anglaise, et puisqu’il y avait ce concours Blog Appétit, et puisque c’est bon, trois recettes à tendance anglo-saxonne :
- des butternut squash muffins – courge musquée, mais ça sonne un peu versaillais en français - aux flocons d’avoine, sucre d’érable et noisettes, pour la forme
- des cookies meilleurs tu meurs au pralin et chocolat, recette originale de Sucrissime un peu modifiée, pour le moral. Moelleux, fondants, légèrement croquants sur les bords, pas besoin de dessin
- un chutney sucré salé épicé de courge musquée (re) et mangue, pour pimenter le tout, et un peu aussi pour le concours de bocaux
***
Muffins à la courge musquée aux flocons d’avoine, sucre d’érable et noisettes
100 g de farine
50 g de flocons d’avoine
50 g de sucre d’érable
½ sachet de levure
1 bonne pincée de fleur de sel
50 g de beurre fondu
1 oeuf
12,5 cL de lait
150 g de courge musquée cuite et grossièrement écrasée (ou potiron, potimarron, ou autre cucurbitacée de saison)
1 cc de cannelle (ou 4 épices mais point trop sinon ça écrase l’érable, pourtant solide dans son genre)
25 g de noisettes
Préchauffer le four à 180°
Torréfier les noisettes 15 minutes, laisser refroidir et les concasser.
Dans un saladier, mélanger farine, flocons d’avoine, sucre, levure, sel, cannelle.
Dans un autre saladier, mélanger le beurre fondu, la purée de courge, l’œuf, le lait.
Ajouter la préparation humide à la sèche selon le rituel ancestral de préparation des muffins, mélanger sans excès et verser dans les moules. Parsemer de noisettes et enfourner 25 minutes.
Laisser tiédir sur une grille
Cookies meilleurs tu meurs au pralin et chocolat
125g de beurre demi-sel à t° ambiante
100 g de sucre blond
175g de farine
1 oeuf
1 càc de levure
90 g de chocolat noir concassé
60 g de pralin
Préchauffer le four à 180°.
Crémer le beurre et le sucre. Ajouter l'oeuf, puis la farine et la levure. Mélanger jusqu'à ce que la pâte soit homogène. Ajouter le pralin et les pépites de chocolat. Former des boules de pâte et les écraser légèrement.Déposer les boules sur une recouverte de papier sulfurisé
Cuisson : 9 minutes.
Laisser refroidir sur une grille
***
Chutney épicé courge musquée mangue
250 g de chair de courge musquée
250 g de mangue (pas trop mûre)
1 oignon
15 cL de vinaigre de vin
15 cL d’eau
80 g de sucre blond
1 cc de cannelle
1 cc de gingembre en poudre (pas de racine fraîche sous le pied)
1 cc de curry fort en poudre – plus ou moins, selon
1 cc de graines de moutarde
8 grains de poivre noir
Couper l’oignon, le potiron et la mangue en petits dés, les mettre dans une casserole. Ajouter le vinaigre, l’eau et le sucre, mélanger et faire chauffer à feu vif une vingtaine de minutes. Baisser le feu, ajouter les épices et laisser mijoter une heure environ, jusqu’à obtenir une consistance confituresque.
Verser dans des bocaux.
A déguster seul avec du pain en apéro, ou, comme le dirait mon double marketeur : "à la fois doux et épicé, ce chutney étonnant et détonnant alliant saveurs sucrées et salées accompagnera à merveille vos viandes blanches et fadasses"
Aucune idée de la durée de conservation une fois mis en bocal, mais puisque c’est très bon, ça devrait pas être un problème.
(réalisée avec un compact automatique de base, et vietnamien) Pour respecter le règlement, il faut expliquer comment le pourquoi du comment de la photo. C'est bien simple, comme pour toutes les photos, je cherche un moyen d'avoir un peu de lumière et d'éviter d'avoir toujours en arrière-plan ces arabesques métalliques charmantes mais vraiment redondantes : je me place donc toujours au même endroit, sur la machine à laver, et cherche acrobatiquement un cadrage adéquat. Pour celle-ci, je revenais d'une virée chez Zara Home avec de chouettes cuillères, et voilà.
Miaaaaam! Que de gourmandises, que de choses appétissantes..et tout cela dans un seul post!!
RépondreSupprimerVoilà ... Quand on se balade sur les blogs, on se dit que finalement, on adore l'automne ... Tes trois recettes sont salivantes. Je ne parle même pas des photos qui sont sublimes !
RépondreSupprimerBon je passe commande donc :D
- une dizaine de cookies meilleurs tu meurs
- 4 muffins
- 2 pots de chutney
En te r'merciannnnt !
bravo :)
Je prends aussi quelques muffins, j'ai justement une belle butternut squash qui attend son heure "in my kitchen"...
RépondreSupprimerP-S : on m'a offert de l'arôme de pandan... j'en ai mis dans un pudding aux pommes, très bon ! Mais je suppose que l'extrait de pandan doit être dix fois meilleur !
P-P-S : j'ai osé.... goûté l'arôme à même la langue, pur... WHOUUUAAAAH quelle expérience singulière !
Merci et bonne chance
RépondreSupprimerTout a déjà été dit plus haut... j'ai bien envie d'écrire un commentaire du type: "cf supra" (!) J'ai adoré ton style d'écriture et ce billet. Les recettes et les photos, ça va de soi! Mais là où je suis un ptit peu différente c'est que je découvre ton blog ce matin!! (oui oui, moi aussi "autarcie", réserve de dvd's...) Eh bien laisse moi te dire "merci" pour cette sacrée découverte et ces bons moments matinaux!
RépondreSupprimerLa photo soumise au concours est très tèrs belle (bonne chance, by the way!)
Bonne journée!
jadoooooore tes muffins, je rafooooooole de ce genre de cookies.. jte pique donc les recettes ;-)
RépondreSupprimerTrès cher Cookie Masqué,
RépondreSupprimerPauvre internaute par l'intitulé alléché, je viens par 2 fois d'essayer de réaliser des cookies "meilleurs tu meurs dans d'atroces souffrances", et je dois avouer que je suis fort décontenancé. Ma première tentative a "échoué", dans le sens où le résultat final était une plaque entière de couquie, mes boules ayant été formées avec un peu trop d'enthousiasme (l'équivalent calorique d'un grand verre de lait, d'une bière et d'un menu Maxi Best Of, à peu près). J'avais de plus remplacé une partie de la farine par des amandes en poudre (parce que c'est quand même beaucoup plus cher). Dont acte.
Ma 2ème tentative a été -je pense- plus respectueuse de la recette d'origine. Mais je m'interroge néanmoins: au bout de 9 minutes, la texture du couky est très spongieuse, et quand on appuie dessus ça fait comme un petit bruissement (fruik fruik). De plus, ils sont beaucoup moins lisses que les vôtres, qui sont tout plats et réguliers (à tel point que ça en est douteux). Aurais-je raté quelque chose?
D'avance merci,
Votre serviteur.
cher Ilyas,
RépondreSupprimerc'est peut être ma faute : j'ai omis de préciser qu'il faut écraser un peu les boules de pate avant de les cuire.
Un troisième essai ?
Estimable CM,
RépondreSupprimerJ'avais gardé un peu de pâte en prévision, et j'ai donc essayé la technique du tassement. J'ai également pris mon courage et ma manique à deux mains, et je les ai sortis au bout de 9 minutes, alors qu'ils étaient encore un peu "mousseux" sur le dessus. En séchant, ils deviennent très moelleux, donc tout va bien. J'espère simplement que je n'en mangerai jamais de meilleurs, je me trouve un peu jeune pour mourir.
Bien cordialement,
Ilyas
ça m'intrigue, ce côté mousseux. vraiment, je vois pas. mais il faut garder à l'esprit que chaque four a ses raisons que la raison ne connait pas ... alors, peut être 10/11 minutes ? quand les côtés des cookies commencent tout juste à dorer.
RépondreSupprimerQuatrième essai ?
Alright, "mousseux" n'est peut-être pas le terme le plus approprié. Disons que si je touchais la surface du cookie en fermant les yeux (ce que je ne ferai pas parce que c'est dangereux quand même, je pourrais rater le cookie et mettre le doigt sur la plaque), je pourrais penser que je suis en train de toucher une crême fouettée vraiment compacte, la chaleur en plus.
RépondreSupprimerNever mind, j'appelle Steven (Spielberg) pour qu'il me filme tout ça, et j'envoie la vidéo.
Et cette vidéo ... wait and see ;-)
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