dimanche 25 novembre 2007

Préavis de grève : cuisine sans couleurs - panacotta chocolat blanc et sésame noir

J’en ai marrrrrre de cette p… de grève, mais alors marre ... Bon d’accord, ça se finit tranquillement. (c’est même complètement fini mais c’est pas parce que c’est marqué publié le … que ça a été fraîchement pêché du jour) Mais quand même. Je tiens à manifester mon immense mécontentement. Parce que c’était bien marrant, les premiers jours, de glander l’âme tranquille (le personnel administratif de l'institution vaguement scolaire dont je fais partie ne fait pas grève, mais est encore plus larvesque que ses étudiants, ils ont décidé par conséquent de prendre les devants et d'annuler tous les cours), de se contenter d’aller se traînasser dans le pâté de maison, de rendre visite aux compères voisins, dont le Monop’ et le marché, mes chers et tendres, de rentrer cuisiner un peu, regarder quelques dvd, lire quelques bouquins, feuilleter quelques magazines.
Mais à un certain moment, les magazines donnent envie de faire des choses, des choses qui demandent généralement à la fois de l’argent et un déplacement géographique : car mettre à profit son pouvoir d’achat, ça se mérite, voyez-vous. Et puisque le Vélib’ et moi, comme chacun sait, ça fait deux, on a l’air un peu con, ma fièvre acheteuse et moi. Mais ça, à la limite, ça se repousse, y aura toujours moyen de se ruiner, surtout par les temps qui courent.

Mais quand soudain une prise de conscience vous frappe sans prévenir, vous réalisez avec stupéfaction que vous n’avez pas mis les pieds à l’école depuis … non, déjà ? 9 jours ? Alors, bon an mal an, vous vous renseignez, vous apprenez que, éventuellement, il pourrait y avoir quelques animations de type marketo-marketing, donc vous prenez vos pieds et votre cahier, bottes, écharpes, gants et une pièce de 50 centimes pour la machine à café qui sera peut-être dans un bon jour, et hop, in the metro.

Et là, plaisir contraint, vous goûtez aux joies de l’attente, autorisant un retour sur soi, sur sa vie, son oeuvre, ses objectifs, rêves et attentes, regrets et remords, plan d'attaque à mettre en place, un mini bilan quoi – oui, car en 35 minutes on a bien le temps de faire un diagnostic quasi exhaustif – puis, enfin engouffrée entre un géant assurément inhospitalier et une naine frisée en fourrure tachetée (très douce, cela dit, la fourrure. je dirais du lapin des neiges), vous savourez la chaleur des contacts humains, les odeurs capillaires douteuses et autres détails subtils et délectables. Il y a une sorte de solidarité spontanée dans l’air – enfin, sauf la vieille au rouge à lèvre carmin (ou peut-être vermillon, ou pourpre, ou vermeil. Moche en tout cas) et à l’odeur capiteuse d’une fragrance d’avant-guerre qui se faufile subrepticement dans la rangée, aux aguets de la place qui se libèrera incessamment.

Enfin, vous dégustez avec une délectation non dissimulée la scène qui se met en place à quelques accolades de vous : deux hommes de bonne allure, l'un à lunettes, l'autre sans, style jeunes loups aux dents longues, costard cravate, after shave mentholé, gomina et attaché case, qui, soudainement, entament un échange verbal pas classe du tout. Ça commence simplement par un « excusez-moi, auriez-vous l’obligeance de décaler votre être corporel afin de frayer un chemin à cette lady qui émet l’hypothèse de descendre de ce véhicule mobile ? » et ça se poursuit malencontreusement par « Mais biiip (putain connard) tu vois pas que j’peux pas bouger, j’l’biiiip(emmerde) la lady, t’as qu’à bouger toi-même biiip (connard) ». Oh, oh … animation, animation !
Ce que j’aime le plus, dans ce genre d’aventure urbaine, c’est la répartie du type qui tente de garder son flegme et sa dignité quasi britannique, envers et contre tout, malgré la puissance de ses instincts bestiaux : « Heu, monsieur, je ne me serais au grand jamais permis de vous offenser, et je ne vous permets point de me tutoyer, nous n’avons guère élevé de canards colverts ensemble, me paraît-t-il, sommes-nous en harmonie intellectuelle sur la question ? » … Silence in the wagon, la tension est à son comble – certains tentent de s’éloigner tant que possible … « P… con….ard j’te tutoies si j’veux. Enlève tes lunettes de biiip (merde). Tu veux qu’on aille en parler dehors ??? »
Visiblement (mine déconfite du tout petit nain face à un King Kong affamé), l’homme n’avait pas le projet d’aller en parler dehors, ni d'enlever ses lunettes, et l’autre devait de toute façon descendre à Bourse. Fin de l’histoire. Voilà comment on commence une bonne journée.

J’adore Paris.


Comme tout le monde, j’en ai marre de cette situation ridicule, j’ai donc décidé de faire grève. Ça va faire bouger les choses, j’en suis sûre. Et puisqu’il faut faire les choses dans les règles, je lance d’abord un préavis. Je commence calmement avec une journée de grève des couleurs, avant des mesures plus radicales. Plus de vert pandan ni pistache, plus de rouge framboise, plus de marron chocolat, plus d’orange potiron, plus de jaune citron, rien, des non couleurs : noir et blanc.
Et une panacotta chocolat blanc et sésame noir, à l’agar agar et crème de soja of course, crémeuse à souhait, alliance délicate de la douceur du chocolat blanc et de la saveur si particulière du sésame noir.

***
Panacotta chocolat blanc sésame noir

Pour 4 personnes
- 25 cl de lait
- 25 cl de crème de soja
- 120 g de chocolat blanc
- 15 g de pâte de sésame noir [+ 2 gouttes de colorant alimentaire noir (facultatif)]
- environ 1g d’agar agar
- quelques graines de sésame blanc

Faire fondre le chocolat blanc doucement au bain-marie.
Pendant ce temps, faire chauffer le lait, ajouter l’agar agar et laisser frémir 30 secondes. Baisser le feu. Ajouter la crème de soja et bien mélanger.
Diviser la préparation en 2/3 1/3 (à vue de nez): dans les 2/3, ajouter le chocolat blanc et bien mélanger, verser dans les verrines et faire prendre au congel 5 minutes.
Mélanger la pâte de sésame noir au 1/3 restant, ajouter une ou deux gouttes de colorant noir – ou pas, mais c'est plus classe – et bien mélanger.
Sortir les verrines et verser la préparation au sésame noir.
Réserver au frais quelques heures.
Décorer avec quelques graines de sésame blanc.

7 commentaires:

  1. Quand je lis ta chronique sur les grèves, je me plonge dans cette atmosphère et je me dis que je suis vraiment chanceuse d'habiter en province rien que pour ça. Ceci dit, le reste du temps (quand y'a pas grève), habiter Paris a bien des avantages ! A part ça ta panna cotta a l'air délicieuse !

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  2. Je suis bien contente d'habiter à la campagne et de Faire mes 20 km pour aller travailler à travaers champs et prés..... Je croise une vache de temps en temps, vive les embouteillages de tracteurs à bettraves !! J'ai déjà utilisé la pâte de sésame noir dans une panna cotta et donc je peux affirmer que c'est divin et plus encore puique tu l'as mariée avec mon ami le chocolat blanc !

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  3. Tant que tu fais une grève des couleurs, ça va...
    Mais si tu fais la grêv tout court, ça va pas aller :)
    Sinon moi le colorant noir je connais en poudre, mais pas en liquide!

    Et sinon, le pré verre, c'était sympa?

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  4. Ah tiens, pendant que j'étais chez toi t'étais chez moi...
    ca doit etre de la transmission de pensée post philippe collin ^^

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  5. je vois qu'on a vécu la même chose ! il te reste la marche mais là faut bien viser pour les chaussures parce qu'il y a toujours le risque de la cloque traîtresse

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  6. J'ai fait moi aussi des verrines au chocolat Chocochic ce week end!

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  7. Votre blog est vraiment magnifique: les recettes, les photos, le ton de vos messages... Bravo!!!

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