jeudi 15 mai 2008

Soleil, ou pas, et légèreté asiatique - trio de mousse pandan, passion, sudashi ; spaghetti de courgettes et shimeji poêlés, pamplemousse confit

[Pré scriptum : début de post rédigé dans la joie et le soleil, avant le retour à la grisaille]

Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il fait beau. Et chaud. Et beau.

Lorsque les éléments nous font la bonne grâce d’adopter une configuration en voie de disparition – à Paris du moins – telle que CH4²+18O©2-VW9(QI3)2 (je sais, c’est impressionnant, j’ai fait un bac S) = rayon chatouillant l’épiderme immaculé (blafard pour les intimes), lorsque tout ça, donc, et bien on ferait bien de se mettre en arrêt total : de travail, de cerveau, de muscle, bref, de tout ce qui pourrait ressembler de près ou de loin à une quelconque activité cérébrale ou physique. (ndlr : on pourra tout de même mobiliser deux, trois tendons maxi et/ou neurones afin de coordonner un déplacement d’un point A - lit - à un point B - terrasse/pelouse/transat)


Déjà, parce que c’est suffisamment rare pour en profiter intégralement, intégralement impliquant pas seulement à la pause déj, entre deux comptes-rendus d’innovations 3.0, voire 9.0 dans les bons jours. Ce serait quand même ballot de ne pas pouvoir se la jouer Père Castor avec ses arrières petits-enfants (« Aujourd’hui, je vais vous raconter l’histoire du soleil … Quand j’étais jeune et Botox-free … »)

Ensuite, parce que c’est une bonne excuse pour ne pas arpenter le web et autres concept stores de la hype qui tue pour dénicher des innovations, notamment 3.0, voire 9.0 dans les bons jours. (Cela dit, ce stage de pakistanaise innovante va tout de même me permettre de rencontrer une de mes idoles, donc bon, on va pas trop se plaindre - et sachant que j'ai déjà rencontré Dieu ... mais je blablaterai à ce propos très bientôt)
Fonctionne aussi pour ne pas commencer à émettre l’hypothèse d’éventuellement peut-être un jour réfléchir à son mémoire.

Et puis surtout, parce que les gens (oui, eux, là-bas) semblent devenir quinze fois plus fatigants dès que les premières chaleurs se pointent – et feraient donc bien de se mettre en arrêt.
Qu’on m’explique pourquoi, mais pourquoi, est-ce qu’un rayon de soleil provoque un brouhaha de marché vietnamien, surtout là où je me trouve ?

Du type : petits êtres communément appelés enfants hurlant en gigotant tels le poisson entre les mains du pêcheur assassin, gang de sardines en short, spartiates dignes de mes ancêtres les plus fashion et lunettes mouche version triple Paris Hilton, méditant sur la stratégie de guerre à adopter avec Bibi, (oui oui, très bonne idée, de faire la morte pendant huit mois pour te faire désirer, t’as toutes tes chances ; très bien aussi, le coup de le rendre jaloux en draguant son grand-père, bon plan), sans oublier …

INTERRUPTION DES PROGRAMMES - violentes intempéries validant totalement ce que je disais : le beau temps à Paris, c’est trop rare, trop éphémère, trop précieux pour faire autre chose qu’en profiter à tire larigot - et non à tire le haricot, parce que ce serait simplement clairement juste ridicule.
Bon. Là, j’ai été totalement coupée dans mon élan, je me retrouve tel le lapin immobile pris dans les phares : j’ai l’air con.
Improvisons donc une conclusion de derrière les fagots (je sais pas ce que j'ai avec les expressions à la con aujourd'hui. Mais c'est peut-être tout le temps en fait. Bref.) : il pleut, les choses rentrent dans l’ordre, chacun chez soi et chaussettes pour tout le monde.

Serait-ce un signe de l’autorité supérieure me signifiant qu’il faudrait que je me remette à la tâche ? Ok, compris, c’est parti pour un nouveau mémoire. Dans la joie, quand même, parce que bon, ça parle(ra) quand même de cuisine. Faut pas déconner non plus.

Bref, tout ça pour dire que, l’ambiance presque estivale m’avait donné des envies de léger. Et puisque Marion est une fille formidable, j’ai un peu de pandan dans mes placards. C’est parti pour un trio de mousses ultra légères asiatisantes : pandan, fruit de la passion et sudashi.

Sudashi, quoiquesse ? C’est (encore) un citron vert japonais - de la région de Shikoku, pour les intimes - au goût d’un citron vert un peu plus sucré, comme mélangé à quelques gouttes de mandarine. Trouvé chez Kioko en même temps que le yuzu.
Y a pas à dire, c'est un bonheur incommensurable que de retrouver l’or vert. (non non, je n’ai pas du tout sniffé le flacon pendant 3 jours après l’avoir reçu)
L’association des trois fonctionne franchement bien, entre sucré acidulé et … pandanien.


Mais avant un dessert léger, il faut un plat léger. Parfaite occasion d’expérimenter ma mandoline - mon nouveau joujou préféré, et ces étranges petites bêtes également trouvées chez Kioko : des Shimeji.

Ce sont de longs champignons avec de petits chapeaux qui poussent en grappe sous les chênes japonais ou les hêtres rouges (vas-y, étale la science que tu viens de t'approprier sans scrupules). Leur consistance rappelle les pleurotes, mais ils ont surtout un délicieux arôme .
Ce sera donc : spaghetti de courgettes et shimeji poêlés au gingembre et citron vert, accompagné de pamplemousse confit, parce que j’avais envie de pamplemousse confit, et parce que j’ai été inspirée par la garniture d’une recette d’Olivier Roellinger.

Sur ce, je m'en vais attendre le soleil.

***
Trio de mousses : pandan, passion, sudashi

pour 4
20mL de jus de Sudashi
1cc de pandan
1 fruit de la passion
300g fromage blanc
3 blancs d’oeufs
2 feuilles de gélatine
40 g de sucre

Faire tremper les feuilles de gélatine dans un bol d'eau froide.
Mélanger le fromage blanc avec le sucre. Diviser dans 3 récipients et y mélanger : 1/ le sudashi, 2/ le pandan, 3/ la pulpe du fruit de la passion.
Essorer la gélatine, la faire fondre dans une casserole avec l'eau puis la répartir dans les 3 préparations.
Monter les blancs en neige. Répartir et mélanger délicatement aux préparations de fromage blanc.
Verser les mousses dans de petits récipients et placer au frais quelques heures.

***
Spaghetti de courgettes et champignons Shimeji poêlés au gingembre et citron vert, pamplemousse confit

Vaguement inspired by une recette d’Olivier Roellinger

pour 4
- fleur de sel
- sel fin et poivre du moulin
- 100 g de champignons Shimeji
- 1 cuillère à soupe d'huile d'olive
- 2 courgettes moyennes
- 1 citron vert
- 1 cm de gingembre frais

Pamplemousse confit
- 1 pamplemousse
- 35 g de sucre

Pamplemousse confit
À l'aide de l'économe, prélever des zestes d'environ 1 centimètre de large sur tout le pamplemousse, puis les émincer finement, les verser dans une casserole d'eau froide et porter à ébullition puis égoutter.
Peler à vif le pamplemousse et en prélever les segments : faire attention à ne pas laisser de peau blanche. Dans une petite casserole, rassembler les zestes, les segments de pamplemousse et les 4 cuillères à soupe de sucre. Cuire le tout doucement jusqu'à ce que les zestes soient transparents, donc confits. Réserver.

Tagliatelles de courgette et shimeji

Tailler une julienne de courgette : commencer par bien les laver, les essuyer, en supprimer les extrémités, les diviser en 4 tronçons puis, avec la mandoline, tailler trois tranches d'1 mm d'épaisseur sur la longueur des tronçons. Tourner d'un 1/4 de tour et tailler à nouveau 3 tranches. Répéter l'opération 4 fois pour chaque tronçon (l'intérieur n'est pas utile dans cette recette). Émincer chaque petit tas de 3 tranches de courgette sur la longueur afin d'obtenir de fins bâtonnets. Réserver.
Eplucher et découper le gingembre en petits morceaux.
Réchauffer la confiture de pamplemousse. Préchauffer fortement une poêle avec l'huile d'olive, y jeter la julienne de courgette, les shimeji et le gingembre. Bien mélanger pour éviter la coloration. Râper un peu de zeste de citron vert, assaisonner.

11 commentaires:

  1. Tout me plaît! Je n'ait jamais goûté à ces champignons, ni au jus de Sudashi, mais je vais tenter d'y remédier très bientôt...

    Bises,

    Rosa

    RépondreSupprimer
  2. Pour avoir eu le privilège de goûter la fameuse mousse au pandan, je n'aurai qu'un commentaire : Big Up à toi.

    Je retourne à mon mémoire.

    Je conclue par les salutations d'usage (biffer la mention inutile):
    - Reste la même
    - Ton blog défonce
    - T'es la meilleure
    - Bosse la Chine

    RépondreSupprimer
  3. Tes images et comparaisons me font trop rire....et ton menu bien envie!!

    RépondreSupprimer
  4. Il est sur quoi ton mémoire? et celui de Fromentin.
    Plutôt littéraire je ne comprendrais sans doute pas tout mais ça m'intéresse!
    Ta triple mousse toute légère me plaît. Pour les champignons tu as piqué ma curiosité car je croyais qu'il n'avais pas de goût!

    RépondreSupprimer
  5. Hmmm elle me donne envie cette mousse au pandan...Tu m'en feras hein dis, tu m'en feras? Oh non plutot, tu m'apprendras à la faire hein?
    Biz biz

    RépondreSupprimer
  6. Encore une belle recette au pandan...
    hum...j'ai l'eau à la bouche quand je pense au pandan.....

    RépondreSupprimer
  7. Je ne connais pas tous ces ingrédients du coup c'est le comble de l'exotisme... en revanche je cherchais justement le nom de ces champignons "tête d'épingle", merci !

    RépondreSupprimer
  8. je passe par chez toi et non seulement je me régale de ton récit mais je découvre également deux produits exotiques inconnus au bataillon de ma cuisine.

    RépondreSupprimer
  9. Les recettes sont legères avec toujours une pointe d'inconnu dans les ingrédients dont le fameux citron vert japonais, le texte toujours drôle avec un zeste parfois d'étrangeté toute Tronche de Cakienne

    RépondreSupprimer
  10. Merci merci ;-)
    - Moi aussi, Diane, je suis littéraire (hypokhâgne/khâgne après avoir fait mon bac S, avant le marketing et la commmmmmm', et tout ça avant d'entrer en bep pâtisserie en septembre - mais quand je l'explique on peut trouver une certaine forme de logique).
    Pour changer de l'an dernier (pâtisserie de luxe, créativité et marketing), cette année je fais mon mémoire sur le thème gastronomie et théâtralisation, avec son lot de mise en scène, de polysensorialité, de suspension d'incrédulité, d'esthésique, d'esthétique, d'éthique, et j'en passe et des meilleures. Le tout couronné d'un soupçon de marketing, parce qu'il faut bien. Enfin, je dis ça, je dis rien parce que je n'ai encore plongé que le riquiqi dans cette affaire.

    - Loukoum, je peux t'apporter quelques provisions exotiques quand/si je passe par ta belle ville :-)
    - Fromentin, la mention inutile : bosse la Chine

    RépondreSupprimer