Non pas que la nouvelle me bouleverse dans l’absolu. Je ne suis pas membre du Club des Adorateurs de PPDA, de ceux qui dînent les yeux dans ses yeux, le coup de fourchette rivé à ses haussements de sourcils. (Pas membre non plus des groupes Facebook "PPDA : revient ! ", "Il faut sauver le soldat PPDA", "We will miss you PPDA", "Non, non, non, je ne veux pas que PPDA s’en aille", et j’en passe ; ni, d’ailleurs, de "Pourquoi PPDA un soir sur 2, cligne des yeux en nous disant Bonsoir" ; en revanche, j'ai adhéré à Contre l'usage abusif du mot "juste", au Comité de lutte contre l'union du Slim, de la Tecktonik et de la coupe mulet, et j'en passe. Bref, je dis ça pour convaincre les derniers mohicans résistants de l'utilité primordiale de Facebook, surtout en milieu). D’ailleurs, point de poste de télé chez moi. Mais avouez tout de même que, le lundi matin, quand c’est la première chose qu’on entend, ça ferait trembler plus d’un mug de café.
Why is that ? 21 ans de 20h, la France n’en sortira pas indemne. C’est qu’on s’y est habitué, à sa petite tête, ses regards par en dessous, sa façon magique de passer du coq à l’âne et du sourire en coin à un regard qui dit « c’est toute la compassion pour la misère du monde qui m’envahit très très fort en lisant mon prompteur ».
PPDA, au fil des ans, c’est un peu devenu la plante verte des ondes : une chose vivante mais à laquelle on ne fait pas tellement attention. On ne sait pas trop où elle en est. Elle est, simplement. Sans créer l’évènement. Mais elle nous manquerait si elle disparaissait.
Ben voilà, « PPDA renversé par une Ferrari ». Ça fait mal aux dents, je suppose.
Se faire éjecter, c’est dur, mais on s’en remet. Surtout si on a une stratégie gagnante. Ça me rappelle la fois où je me suis faite virer du cours de latin. En cinquième. Madame Verdier, si tu m’entends, sache que j’ai passé quelques unes des heures les plus mortifères de mon existence à tes côtés, mais que tu as tout de même posé ta pierre à l’édifice qu’est ma petite vie d’aujourd’hui, en m’écartant des chemins cicéroniens.
Sans rancune, quod me non necat me fortiorem facit – enfin à peu près, I think. A l’époque, j’avais été prise au dépourvu, j’étais jeune et ingénue (mouais), j’ignorais les trucs et astuces qui permettent de renverser la pression et de sortir d’une posture ignominieuse la tête haute, ou tout du moins, de continuer son chemin bon an, mal an - mais de préférence bon an.
Voyons donc ce que les cas exemplaires d’éjection attestée, incessamment envisageable ou symbolique nous enseignent.
Profil 1 : vous avez fait la boulette.
Exemples : Marion Cotillard (gare à la petite phrase ressortie de derrière les fagots qui souligne délicatement son incrédulité quant à des attentats un tantinet traumatisants quand même), Hillary Clinton (gare à la subtile allusion à l’assassinat de Kennedy), Kate Moss (gare aux flashes en cas de situation délicate/d’illégalité totale/d’état capillaire et facial à faire frémir l’incroyable Hulk).
Solution : faire comme si de rien n’était et continuer sur sa lancée en petite foulée. Eventuellement, s’excuser dans un premier temps. Mais juste pour dire. De toute façon, les boulettes, c’est dans votre nature, impossible de lutter.
On adoptera donc la posture « fuck the system » en réitérant : se remettre avec son boyfriend aux cheveux gras, se refaire virer de campagnes de pub, multiplier les gaffes en toute candeur.
Profil 2 : vous avez fait votre temps.
Exemples : PPDA susmentionné (gare à la blonde aux sourcils bruns et au large sourire, généralement fourbe), Louis XVI (gare à la guillotine, ça pardonne rarement, et puis ça en fout partout, et après, bonjour pour ravoir la collerette blanche), Jacques Chirac (gare à la petite boules de poil venue tout droit du 92, ça mord, et ça lâche rien).
Solution : se concentrer sur un grand et beau projet qui vous fera oublier votre condition d’éjecté pour un petit moment. Soit, plus concrètement, pour Louis XVI : travailler sur deux ou trois phrases chocs à placer discrètement lors du passage au purgatoire ; pour Chirac : créer une fondation, et commencer par un programme sur la défense des langues menacées en aidant à lancer « la première radio en langue mbendjele pour permettre aux pygmées de la forêt du nord du Congo de continuer à faire vivre leur culture ». Et ouais.
Profil 3 : vous êtes simplement naze, du moins c’est ce qu’on dit (du moins c’est ce que je dis) (signe distinctif : la mention de votre patronyme va systématiquement de paire avec une bonne grosse blague bien grasse)
Exemples : Mimie Mathy, Florent Pagny, Jean-Claude Van Damme, Marc Levy.
Solution : disparaître. Ne pas se lancer dans un nouveau téléfilm, ne pas enregistrer un nouveau cd, ne pas tourner un nouveau film, ne surtout pas écrire un nouveau livre. Se trouver un bon petit coin dans une province reculée d’Amérique Latine – mais un lieu-dit de Corrèze fera tout aussi bien l’affaire, et y rester. Longtemps.
Tout ça pour dire que je suis sûre que PPDA va trouver la contre-attaque cinglante parfaite.
En attendant (ou pas), les 11 rayons et demi de soleil du moment appellent un peu de fraîcheur et de douceur, notamment après un trajet de métro par 53° et 95% d'humidité, au cours duquel vous apprécierez la chaleur humaine dans une grande communion de sueur : un petit gaspacho aux glaçons de poivron, et des tartelettes au melon et à la crème de calisson.
Mais d’abord, il faut que j’explique comment j’en suis arrivée à ce gaspacho et à ces glaçons : comme souvent, je me promenais sur la rubrique Art et Science du site de Pierre Gagnaire. Parce qu’on y apprend une foultitude de choses passionnantes, et aussi parce que j’avais particulièrement envie de tester quelques unes de ces recettes non pas « moléculaires » mais simplement fondées sur des observations scientifiques après avoir lu avec consternation l’article « Cuisine moléculaire, le grand splash ».
En effet, petite guéguerre en Catalogne : le chef Santi Santamaria déclare que la cuisine de Ferran Adrià est un problème de santé publique, et se fait une bonne mauvaise pub par la même occasion. Voir plutôt l’article de François Simon qui resitue bien le problème de la cuisine moléculaire : les très mauvais copier-coller, évidemment dénués de toute la réflexion presque idéologique d’Adrià sur la cuisine.
Bref, je m’étais arrêtée sur les glaçons de poivron rouge et concombre, qui utilise la gélatine comme une enveloppe de saveur (concombre) contenant un liquide (poivron). Ça avait plutôt bien commencé, mais l’étape du trempage dans la gélatine de concombre a lamentablement échoué (si jamais vous tentez le coup, il faut savoir que le froid des glaçons fait figer la gélatine assez vite, ce qui complique nettement l’opération, pourtant très simple sur le papier).
J’ai laissé tomber, et je me suis donc retrouvée avec de jolis glaçons de poivron rouge assaisonnés, d’où l’idée de les plonger dans un gaspacho (retour en Catalogne, donc), selon une recette de référence d’Alberto Herraiz, chef du restaurant el Fogón que j’adore un peu plus à chaque fois, et où j’étais justement retournée la semaine dernière. Et oui, tout est lié, c’est dingue.
Pour les tartelettes, aucun lien (fils unique). J’avais goûté de la crème de calisson achetée chez G.Detou avec, pour ceux qui suivent, la fameuse M-C DV (et non J-C VD), et je m’étais demandée ce que je pourrais bien faire comme dessert avec. Après avoir évoqué les framboises, le melon s’est imposé, d’où les tartelettes. Sauf que de la crème de calisson, j’en avais pas, moi. Et plutôt que d’aller jusqu’à en faire pour les détruire, je me suis arrêtée à l’étape avant le glaçage pour en faire une crème. Résultat à la hauteur de mes espérances : une grande vague de douceur onctueuse, et un petit côté frais en bonus.
Et comme il me restait des chutes de pâte : quelques sablés, un peu de cottage cheese entre deux, et hop, un mini sandwich ambiance "ne passez pas à côté des choses simples".
Tartelettes au melon et crème de calisson
Pour 4 tartelettes Crème de calisson :
Pâte sucrée : là, par exemple
1 melon
miel
90g de poudre d’amande
40g de sucre glace
2 gouttes d’extrait d’amande amère
1 cc d’eau de fleur d’oranger
½ œuf battu
+ éventuellement, un peu de melon et orange confits
Foncer les moules à tartelettes et les placer au frais pendant au moins ½ h.
Préparer la crème : mélanger tous les ingrédients et travailler jusqu’à obtenir une pâte homogène assez souple. Réserver.
Cuire les fonds de tartelettes à 170°, d’abord 10/15 minutes avec papier sulfurisé + pois cassés, puis encore une dizaine de minutes sans, jusqu’à ce que la pâte soit bien dorée. Réserver.
Couper le melon en fines tranches et les passer à la poêle chaude quelques minutes. Ajouter un peu de miel. Déposer les tranches sur du papier absorbant.
Juste au moment du service (au risque de voir votre splendide pâte croquante se transformer en chose molle et flasque) : garnir les fonds de tartelettes de crème de calisson et déposer les lamelles de melon.
***
Gaspacho et glaçons de poivrons
(à préparer la veille)
Glaçons de poivron rouge
400g de poivron
1cs de vinaigre de Xérès
curcuma, sel, poivre
Monder les poivrons dans un four chaud. Mixer et assaisonner avec vinaigre, sel, poivre et curcuma. Verser dans un moule à glaçons et placer au congélateur.
Gaspacho
500g de tomates bien mûres
75 g de concombre
45 g d'oignons
100 g de poivron vert
1/2 gousse d'ail
50 g de pain de froment de deux jours
20 cl d'huile d'olive
5 cl de vinaigre de Xérès
1/2 l d'eau
Sel, poivre
Laver les tomates et le poivron, les couper en morceaux avec le concombre (éliminer les extrémités), l'ail et les oignons. Imbiber le pain de vinaigre.
Mettre le tout avec la moitié de J'huile d'olive et le 'sel dans un récipient hermétique et laisser pendant 12 heures au réfrigérateur.
Verser le tout dans le bol du robot, mixer et émulsionner avec le reste de l'huile. Délayer avec l'eau et filtrer.
Servir bien frais avec les glaçons de poivrons qu'on laissera un peu fondre pour que les goûts se libèrent.
tes photos sont vraiment magnifique!!!
RépondreSupprimerbravo!!
Bonjour... Excellent Blog et croyez-moi j'en visite bcp en ce moment. J'adooooooooore votre style, votre humour, votre originalité. Continuez vous êtes rafraîchissante !
RépondreSupprimerTes tartelettes sont vraiment alléchantes et ce gaspacho me met l'eau à la bouche! Que de bonnes choses!
RépondreSupprimerBises,
Rosa
Tu m'as bien fait rire.....
RépondreSupprimerAlors je flashe complètement sur ton gazpacho et les glaçons. C'est génial!
Ah, les copié-collé, mais vérifier ss sources n'est pas forcément évident et pour le moins chronophage...
RépondreSupprimerLes glaçons rouges (les vrais, ceux qu'on faits exprès !) aux fruits ou légumes, ici, on adore !
Quand à la tarte elle me plaît beaucoup sauf que j'ai beaucoup de réticence (bête ?) à cuire le melon... (sauf en chutney)
aaaah cet article me rend enfin la vie - prise par ce labo R&D ou je fabrique des biscuits sans relache.
RépondreSupprimermerci Alexia pour ce moment de joie exctatique (non non je n'exagere pas). et clairement, les bonnes choses ont une fin, je retourne à mes biscuits gerblé.
xx fanny
Sure que PPDA finira pas en Patagonie, trop de self-estime! je prends au passage ton ptit gazpacho, et ses dés gelées, parce que tant qu'il fait beau(ca va pas durer rassurons nous) c appréciable! ps: on aura sans doute l'occas' de se croiser l'an prochain rue de l'abbé Grégoire!
RépondreSupprimerTant que PPDA ne se lance pas dans le culinaire pour oublier... tout va.
RépondreSupprimerTon gaspacho est superbe, comme toi je suis très fan du Fogon, j'ai depuis peu le lire d'Alberto sur les gaspachos, mon blender a du mal à suivre :-)
Nan, je suis formel...
RépondreSupprimerJ'aime toujours pas.
je te découvre, par une tarte dont je deviens la reine j'emporte ta recette, je te mets dans mes liens, je reviendrais patmamy
RépondreSupprimerJe suis en train de devenir accro a ce blog :)
RépondreSupprimerMdr, c'est vraiment pas triste de te lire, on a de quoi se ridiculiser en se marrant ( seul ! ) devant l'écran, heureusement, personne ne me regarde :p
RépondreSupprimerPassons à la popotte : j'adhère bien évidemment au gazpacho et ses glaçons ... Vu mes origines, il aurait été étonnant qu'il en soit autrement ! Quant aux tartelettes, j'ai goûté à noël la crème de calissons, mais quelle tuerie ce truc là mon dieu ... Une fois le pot ouvert, c'est bien simple, je n'ai plus pu m'arrêter !
Comme Gracianne, je suis addict ! Merci pour ce billet une nouvelle fois d�licieux et si dr�le :)))
RépondreSupprimerObservons une minute de silence pour PPDA...
RépondreSupprimer...
Bon et sinon la crème de calisson là c'est un truc génial! Amande & fleur d'oranger comment j'ai pu passer à côté de ça... J'ai comme une grosse envie de gaspacho là.
Vive les ménages sans télé qui permettent d'avoir des activités largement plus ludiques et créatives... ce billet en est la preuve;)
Merci infiiiiiniment à tous/toutes, ravie que ça vous plaise :-)
RépondreSupprimerVive le boycott de la télé.
Tiuscha : n'aie pas peur pour le melon ... le passer à la poêle juste quelques minutes ne fait que le rendre légèrement moelleux et renforce le côté sucré, c'est vraiment top. Ceci dit, tu peux t'en passer aussi.
Je confirme que la crème de calisson est une tuerie monumentale. Careful, un pot est si vite terminé. On en a vu malade pour moi que ça ...
Sinon : MC DV, tu déchires. Et Fromentin : pas la pein de tenter l'anonymat, on t'a reconnu. T'as même pas goûté en plus. Mais bravo quand même pour ton incursion disruptive :-)
superbes photos et recettes !! bravo ! et que dire de ta prose... :-)
RépondreSupprimerà peine rentrée je me précipite vers le mac, j'ouvre, je te lis, je rigole, j'apprends que PPDA nous quitte à 20h (m'en fout) et je me plonge dans l'été le melon le gaspacho et tutti quanti... hier il faisait 7°C à 70 km du cercle polaire, c'était aussi l'été la-bas...
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