Rien de particulier jusque là, donc, un samedi soir ordinaire sur la terre de Châtelet. Conquérante, je poursuis, en quête de l’installation d’un point d’interrogation lumineux en lévitation dans l’église Saint-Paul, (ndlr : oeuvre du fameux artiste autrichien Robert Stadler) qui fait très subtilement signe aux interrogations métaphysiques de tout un chacun, surtout celles des autres.
Bon, ben en fait c’était tellement métaphysique que je l’ai pas saisi, le point – d’autant que je le cherchais à Saint-Eustache.
Passons sur l’épisode de liesse populaire post rugby ayant eu pour fâcheuse conséquence de plonger mon téléphone dans un coma temporaire mais profond (note : il va falloir assez vite arrêter ce delirium à propos du rugby, j'ai bien intégré l'idée que c’est in mais là ça commence à être juste lourd, du genre ma mère qui m’appelle pour me demander A MOI le résultat du match).
Enfin bref, la Nuit Blanche, je dis non. Ça fait cinq ans que tout le monde est content d’y croire, cinq ans que tout le monde sait que ça ne fonctionne pas, cinq ans que c’est un prétexte à état d’ivresse aggravé sur la place publique. J’admets cependant l’hypothèse que d’autres citadins mieux informés/moins découragés aient pu y faire l’expérience d’une métamorphose de leur univers sensoriel – commentaires ouverts.
En revanche, je dis oui à la stimulation de ma créativité culinaire, qu’elle vienne de l’art contemporain ou de Elle, où j’ai pu récemment lire que « l’air du temps est décidément au Prozac sur imprimé » (ie : happy face sur ta robe-pull gris-violet), que « l’idée est de superposer les ambiances », de mêler gaiement les couleurs explosives et de jouer avec les matières, et qu’il est impératif de se « laisser aller aux combinaisons les plus anticonformistes ».
* Les verrines de l’Ere du temps : salade de dés de poivron, pomme, carotte, achar, chips de pomme au pandan, qui transcendent grave,
* Les tartelettes matcha-marron, qui transcendent pas mal quand même,
* Et puis des petits muffins chocolat blanc-purée de noisette, qui transcendent plus le palais que la créativité culinaire, mais qui sont vraiment extra et qui trouvaient bien leur place dans la thématique installation contemporaine.
Mais je voulais quand même un truc au pandan qui se pose au-dessus de ma salade de dés sucrée salée épicée, parce que je voulais des verrines, et que les verrines c’est bien connu, il faut quelque chose on the top sinon c’est juste naze. D’où les chips de pomme au pandan, subtil rappel de la pomme de la salade, harmonie discordante de la fraîcheur du pandan. Top.
Bref. Voilà, globalement, pourquoi tout ça - muffins hors-jeu - est dans l’ère du temps – ie : mix et contrastes d’ici et d’ailleurs, voire de là-bas, choses qui ne font pas forcément sens ensemble a priori, voire qui peuvent susciter un haussement circonflexe de sourcil gauche, mais qui en fait, donnent un truc super cool méga hype, même si c’est plus la mode des verrines ni trop du matcha mais que j’ai décidé que si :
- Parce qu’il y a des dés, mais pas que – et que le cube est top "it"
- Parce que c’est sucré-salé, et épicé-citronné, et pandanné pour l’un, matchaté pas trop sucré, crème de marronné limite seuil de saturation pour l’autre
- Parce qu’il y a plein de couleurs, du rouge, du orange, du pomme, du marron, du vert martien, du vert salade, du vert matcha
- Parce que c’est croquant, un peu croquant, pas croquant, re-croquant pour l’un, croquant, fondant, mousseux, puis crousti-fondant pour l’autre
- Parce que c’est bon, beau, interculturel, un peu régressif, un peu ludique, que tout le monde sait que les verrines ça sert à rien, et que rien n’est plus nécessaire que le superflu – surtout quand ça me permet d'utiliser mes nouveaux verres Svalka vaguement Suédois
- Et un peu aussi parce que le gastronome averti perçoit une tension hippopotamesque entre tradition et modernité, entre ma grand-mère et la Nuit Blanche.
Note : si quelqu’un a une remarque à faire sur la constance obstinée de l’arrière-plan des photos, notez que je suis preneuse de tout appartement/trou à rat parisien offrant plus d’une zone de prise de vue lumineuse et/ou n’offrant pas de voisinage de palier grand-maternelle.
– pour 4 verrines
Salade en dés sucrée-salée-épicée :
1 poivron rouge cuit (toujours issu de ma fameuse conserve)
1 pomme
2 petites carottes
1 petite cs d’achar indien
½ jus de citron
Couper le poivron, la pomme et les carottes en petits dés (après avoir lavé la pomme et épluché la carotte, comme il se doit). Ajouter le jus de ciron et la cuillère d’achar, mélanger. Réserver
Chips de pomme au pandan
1 pomme (Royal Gala pour moi)
1 blanc d’œuf
1 cc d’extrait de pandan
Préchauffer le four à 120°.
Mélanger le blanc et le pandan. Laver et couper la pomme en fines lamelles (1mm environ).
Tremper les lamelles dans le mélange blanc-pandan et les déposer sur une plaque recouverte de papier sulfurisé. Enfourner au moins 1h30. Laisser refroidir dans le four.
Service – qui se la pète :
Placer quelques feuilles de salade dans le fond des verres, répartir les dés. Planter une ou deux ou trois ou cinquante chips de pomme au pandan.
Voilà, c’est joli et pas du tout pratique à manger, mais franchement bon.
Tartelettes matcha-crème de marron
Reste de pâte au matcha – je dirais 1/5ème de la recette initiale qu’on trouve par là
125 g de crème de marron C.F (qui a dit c’est quoi "C.F" ?)
1 œuf
Etaler la pâte et foncer 4 moules à tartelettes. Couvrir de papier alu et remplir de pois cassés. Enfourner 15/20 minutes à 160° (normalement 13 minutes à 150° dans un four normal – ie : pas le mien).
Pendant ce temps : séparer le blanc et le jaune. Mélanger la crème de marron au jaune. Monter le blanc en neige ferme avec une pincée de sel. L’ajouter délicatement à la crème de marron.
Quand les fonds de tartelettes sont cuits, retirer les pois et l’alu et répartir le mélange à la crème de marron. Enfourner 15 minutes à 180°.
Astuce découverte le lendemain – d’où aspects divers sur les photos : passer les tartelettes au grill quelques minutes, en vue d’un concept crousti-fondant.
Muffins chocolat blanc – purée de noisette
Toujours la même recette de base,
là, avec 50 g de chocolat blanc concassé dans le mélange sec, et une bonne cuillère de purée de noisette au-dessus, en tourbillonnant un peu avec une fourchette.Fonctionne aussi très bien avec de la crème de marron, du nutella, et autre ingrédient vaguement pâteux et très calorique.
Wow. C'est toujours aussi hilarant de te lire, surtout que je partage totalement ton avis sur la nuit blanche! Hier pour moi ce fût un bonhome velu rose qui marchait en arrière sur grand écran rue de Turenne et des vélos diffusant le bruit (et la puissance sonore, à 1h du mat) d'un avion au décollage...
RépondreSupprimerSinon tes chips de pomme vertes on l'air de venir d'un autre monde... j'adore. Et je ne commenterait pas tes deux créations sucrées, elles m'ont l'air très (trop) dangereuses.
… uuhhmm
RépondreSupprimercette année ma nuit blanche s'est deroulée dans mon salon, sur le canapé en profitant du sommeil de la petite!!!
chocolat blanc et crème denoisette… si simple si bon!
joli,joli....des superbes photos!
RépondreSupprimerdes recettes tentantes..miam!
les tartelettes me fond de l'œil!
Bah alors voilà :
RépondreSupprimer1. moi j'adore le rugby, et ceux depuis des années, alors tu vois je suis ravie qu'enfin on en parle pasque le foot bin ça m'passait méchament au dessus...
2. La nuit blanche je valide à 200%, et c'est plutôt les bobos parisiens qui sont contre. Donc euh voilà... La culture, dès qu'elle est gratuite bin j'vais surtout pas lui cracher dessus.
3. On dit jamais deux sans trois, alors sans trop me forcer... Ouch comment qu'ils ont l'air trop bon les petits muffins !!!
La Nuit blanche, en bonne provinciale fraîchement débarquée, je me suis faite avoir une fois il y a 3 ans. Mais comme on ne peut pas tromper 1000 fois 1 personne (si ? rho ch'ai pu), jamais ô grand jamais je n'y remettrai les pieds tant que que je serais en bonne santé mentale.
RépondreSupprimerQuant au rugby, j'aime bien mais je crois que c'est le sport qui ne m'aime pas. Typiquement, un exemple : 1er match de la France, une amie privée de télé me confie la mission de lui communiquer les scores par téléphone. Fin de la 1ère mi-temps, je l'appelle, fière, et l'assène d'un joyeux "17-9". Sa réopnse "Pour qui ?" moi "Euh... ben... euh"
Depuis, je me contente de crier en même temps que les gens dans ma rue.
Pour finir, tu commences à me titiller avec ce pandan que tu nous mets partout, faut que je sache quel goût ça a !
huuuuuum!!! superbes recettes!! biiises micky
RépondreSupprimeraïe !
RépondreSupprimerd'abord, merci pour les compliments - j'aime beaucoup l'idée du vent du mort de rire ...
Pour conclure sur la nuit blanche, c'est en quasi bobo parisienne refoulée que je me réserve le droit de la critiquer. ça ne fonctionne pas parce que, justement, c'est un concept parisiano-parisien, et qu'on n'y retrouve en grande majorité qu'un public intéressé par la bière et les hurlements nocturnes. Evidemment, on peut aussi se faire un petit bout de culture gratuit, mais il faut d'abord accepter de se frotter à la mixité sociale dans ses aspects les plus bruyants ;-)
Je me rends compte que je passe pour une pouff parisienne un peu limite, là, mais je ne pense pas que l'art contemporain soit le meilleur ni le premier moyen de décloisonner quoi que ce soit.
Quand au rugby, on va tout simplement arrêter d'en parler, et puis le foot avec, hein. Quoique, ça peut être drôle.
Biz