Passons sur les épisodes d’une non-funkitude absolue de la vie d’une pakistanaise professionnelle – ie : stagiaire. Non parce qu’on m’a dit que, parfois, voire souvent, j’étais pas claire avec mes métaphores à la mord moi le nœud (étrange expression, by the way (combien de tirets et de parenthèses parviendrai-je à imbriquer en une seule phrase, telle est la question)) – rythmée par les centaines de slides Power Point qui forment mes journées – slide 1 : la loose, slide 2 : pause VDM, slide 3 : la super loose, slide 4 : pause déjeuner, slide 5 : la méga loose, slide 6 : la wonder loose , slide 7 : la loose transcendée en art de Vie.
Mais y'a pas que ça, dans ma journée de base, elle peut aussi être un peu pimentée par une altercation cocasse avec l' "hôtesse de caisse" du Monop'.
La scène : je suis à la caisse avec, entre autres victuailles, un bouquet de basilic, que je n'ai pas mis dans un sachet par égard envers la planète. Qu'est-ce qu'elle me dit ? "Non mais mademoiselle, faut mettre les herbes dans un sachet. Nous on fait la Guerre (oui oui, la Guerre, j'ai bien entendu sa majuscule) pour ça ! Vous vous rendez pas compte, si une feuille tombe par terre et que quelqu'un glisse dessus, c'est hypeeer dangereux !" Effectivement, je ne me rendais pas bien compte.
Passons. Concentrons-nous plutôt sur l’événement de la semaine : la fête des mères.
Pour l’occasion, plusieurs options :
1/ adopter la posture bien connue du "maaaaaarre de ces fêtes commerciales à la con, y’a pas de cadeau qui tienne, en plus c’est une fête pétainiste." Mais bonne fête maman, quand même.
2/ errer, l’air hagard (voire hagard² = hagard-hagard. Je sais, c'était pas la peine de la faire, celle-là, mais ça me fait plaisir), entre les trouvailles publicitaires de l’année (« Ma mère est hyper glamour. Normal, elle tient ça de moi » ou le plus concis mais tout aussi explicite « J'aime ma Wonder Maman ») et les expositions de centrales vapeur, kits pour collier de nouilles et autre trousses de toilette « I love Botox », magistralement mises en scène à coup de froufrous roses et blanc, pour finalement rentrer les mains vides et l’estomac retourné, nauséeuse de tous ces petits cœurs et cet amour glorificateur exhibé.
3/ se demander ce qui lui ferait simplement plaisir.
Parce qu’on l’aime, sa maman, sa jolie maman, et qu’on veut lui dire merci, merci d’être là, merci d’être drôle avec ses coupes de champagne sans raison (« oh, il est 17h23 : champagne ! »), ses pschitt de javel à tout bout de champs, ses huiles essentielles pour tous les maux et son bon goût.
Et parce que ça fait aussi partie du jeu si elle nous dit qu'on pourrait se coiffer, qu'il faudrait qu'on grossisse un peu, mais qu'il faudrait qu'on arrête de manger trop sucré aussi, et qu'on pourrait ranger un peu quand même, et que "arrête avec tes ongles", et que "arrête avec tes lèvres", et que vraiment, on pourrait lui prêter ces sandales, qu'on échange d'ailleurs avec cette robe.
Et on se dit que ce qui lui ferait plaisir, ce serait peut-être juste un gâteau (un nouveau sac Stéphane Verdino et un maillot Erès aussi, sûrement, mais on ne va pas tomber dans le bassement matériel). Car même si elle en a toutes les semaines, des gâteaux, on se rappelle qu’elle nous racontait que, quand elle habitait dans le 19ème, elle allait souvent chercher une part de tarte au citron meringuée à la petite pâtisserie pas très loin du canal. Alors tarte au citron meringuée ce sera, comme à la pâtisserie, parce qu’elle le vaut bien.
Avec une belle meringue italienne, douce et légère, une crème au citron acide mais pas trop, et une bonne pâte sucrée et croquante. Un poil chronophage, mais le résultat vaut vraiment le coup.
Permettez-moi de faire les présentations : sticky toffee pudding, lecteur, lecteur, sticky toffee pudding.
Je sais pas vous, mais j’ignorais jusqu’il y a peu l’existence de ces petits délices d’outre-manche, que l’on m’a fortement suggéré d’essayer, surtout en faisant partager.
Un peu réticente au début vu la quantité de sucre de la chose - puisque je suis plutôt partisane de modération en la matière, j’ai finalement été conquise - en petite quantité tout de même - par le contraste entre le léger croustillant de l’extérieur, le moelleux de l’intérieur, la richesse de cette toffee sauce pas piquée des hannetons …
Bonne fête Maman !
***
Tarte au citron meringuée
Pâte sucrée (toujours celle du Grand livre de pâtisserie d'Alain Ducasse, qui a fait ses preuves)
125 g de beurre
250 g de farine
1 œuf
90 g de sucre glace
30 g de poudre d’amande
1 gousse de vanille
Crème au citron
4 citrons (zestes de 3 citrons et 20 mL de jus)
4 oeufs
150 g de sucre
10g (1 cs) de maïzena
Meringue italienne
2 blancs d’œufs
50g d’eau
150g de sucre
quelques gouttes de jus de citron
Pâte sucrée – à faire la veille
Mettre le beurre en pommade jusqu’à ce qu’il soit bien souple (pour éviter de trop travailler la pâte)
Ajouter le sucre glace, la vanille et la poudre d’amande. Ajouter l’œuf et mélanger jusqu’à ce que la préparation soit homogène. Ajouter la farine tamisée sans trop travailler la pâte.
Former une boule, l’envelopper dans du film et placer au frais 12h.
Préchauffer le four à 170°. Etaler la pâte sur ½ cm d’épaisseur entre deux feuilles de papier sulfurisé. Foncer un cercle/moule à tarte ou des cercles/moules à tartelettes beurrés. Laisser reposer 30 minutes au frais. Couvrir de papier alu/sulfurisé, remplir de légumes secs et faire cuire de 13 à 20 minutes pour les tartelettes, 17 à 25 minutes pour la tarte – selon le four. Retirer les légumes secs et le papier puis faire dorer environ 5 minutes.
Réserver à température ambiante.
Crème au citron
Prélever le zeste de 3 citrons et le mélanger au sucre avec les doigts, jusqu’à ce que le sucre soit bien imbibé et parfumé.
Ajouter les œufs un à un en fouettant, puis le jus de citron et la maïzena. Faire chauffer à feu doux sans cesser de fouetter, jusqu’à ce que la crème ait bien épaissi.
Retirer du feu et continuer de fouetter quelques minutes.
Verser dans un bol, placer un film sur la surface et mettre au frais jusqu’au moment de l’utilisation.
Meringue italienne
Verser le sucre et l’eau dans une casserole et faire chauffer.
Commencer à battre les œufs à vitesse moyenne avec quelques gouttes de jus de citron.
Lorsque le sucre a atteint 121° (grand boulé – il me fait toujours rire, ce "grand boulé", mais ça s’engage que moi), verser le sirop en filets sur les blancs, en évitant de toucher les branches du fouet.
Lorsque le mélange prend corps, augmenter la vitesse pour serrer les blancs et battre jusqu’à tiédissement. On obtient une meringue épaisse et brillante.
Recouvrir la tarte/les tartelettes de meringue à la poche. Etaler et faire des mouvements à l’aide d’une spatule. (on peut of course utiliser une douille cannelée mais je ne suis pas trop fan de la kitchittude de la chose) Passer sous le grill quelques minutes pour colorer.
Pour 9 puddings
175 ml d'eau bouillante
1/2 cc de vanille
3/4 cc de bicarbonate de soude
60 g de beurre à t° ambiante
140 g de sucre
2 oeufs battus
175 g de farine
2 cc de levure
Toffee sauce
80 g de sucre roux
30 g de beurre salé
1 cs de miel
3 cs de crème fraîche
Préchauffer le four à 180°.
Mélanger les dattes avec l'eau bouillante. Ajouter la vanille et le bicarbonate. Réserver.
Dans un saladier, crémer le beurre et le sucre. Ajouter les oeufs un par un sans cesser de battre. Ajouter la farine, mélanger, et terminer en ajoutant les dattes.
Verser dans des ramequins beurrés – des moules à muffins pour ma part. Enfourner 25 minutes à 180°C.
Pendant ce temps, préparer la sauce : dans une casserole, mélanger le sucre, le beurre et le miel et laisser chauffer quelques minutes. Retirer du feu et ajouter la crème fraîche.
Service : démouler les puddings, les napper de toffee sauce et les faire passer sous le grill du four quelques minutes jusqu'à ce que la sauce crépite. Servir illico avec quelques noix concassées.