L’anniversaire de la Reine du Château d’Eau - dite aussi Reine Mathilde, ou
M-C DV (Marie-Claire de Voissieu, Présidente des associations Des moules et des gâteaux, Au feu Onfray, membre honoraire du Comité des Adorateurs du Pandan – qui élargit aujourd’hui majestueusement le spectre de ses activités par des entretiens au pied levé avec quelques personnalités du monde du cinéma, mais aussi avec des actrices qui chantent) – donc, l’anniversaire de la
susdite personnalité est un évènement d’importance. Ma première goûteuse, ma première commentatrice, ma première source d’encouragement, un
modèle d’ouverture papillesque (rapport à quelques expériences agar-agaro-vietnamiennes épargnées aux lecteurs cause risque de choc visuel irréversible auprès des âmes sensibles), un
puits d’inspiration sans fond ni loi. Bref : une muse.
Interruption intempestive : alors là, c’est le pompon. Facebook (le réseau social ultra marrant 5 minutes, où on retrouve en 3 coups de cuillères à clic tous les êtres humains qui ont croisés notre route, même ton voisin de couveuse, mais surtout où tout le monde te retrouve, surtout ceux qu’on a enregistré dans notre répertoire à « ne pas décrocher ») m’indique que je suis expressément invitée à rejoindre la « Grande Manifestation Contre le Blocage des Syndicats » (est-ce qu'ils pensent que les majuscules donnent vraiment de la crédibilité ?). Sérieusement ? On se connaît ? Tu crois qu’en plus d’être coincée dans un périmètre de 2 kilomètres à la ronde, je vais aller me geler collectivement les orteils pour brailler « pas content ! » ? On peut plus hiberner tranquille, c’est dingue cette technologie.
Re bref : j’adore, mais alors j’adooore, quand elle me fait le coup du « oh mais non t’embêtes pas à faire un truc (comment ça, un « truc » ??), en plus t’as plein de boulot en ce moment, c’est vraiment pas important … ». Elle imite super bien le ton « je me situe tout à fait au-dessus de la matérialité culinaire et suis beaucoup plus axée sur la richesse humaine, voire intérieure ». Moi : « c’est vrai que je sais pas si j’aurais vraiment le temps de préparer quelque chose » Elle : « … » (tellement électrique, le blanc, que je me suis quasi pris une décharge)
Non mais vraiment, qu’est-ce qu’il faut pas entendre. Moi ? Moi, je vais débarquer à son anniversaire les mains non sucrées, ou pire, avec une bouteille de Chardonnay Monop’ ??? C’est mal me connaître, ma p'tite.
Alors bien sûr, il fallait trouver des idées. Parce qu’un anniversaire, ça se fête en sucré, mais surtout parce que je devais me lancer dans un défi qui m’avait été lancé quelques mois avant : des Chocapic au pandan.
Allez savoir pourquoi, Mme M est dingue de Chocapic. Elle tuerait père et mère pour un bol de ces trucs. Du temps de l’interculturalité toute puissante au 135/17/31 Nguyen Huu Canh, il fallait la voir s’illuminer soudainement à la vue de Pico tenant fièrement la pose sur la boîte sortie de la valise de je-ne-sais-quel visiteur venu d’Occident. Il fallait aussi la voir mâchouiller mollement, le matin, mine déconfite devant TV5 Monde, se contentant de l’insipidité de l’ersatz local, les Coco Crunch.
Après réflexion intense et moult visualisations du début du commencement du comment faire, j’ai conclu que, si je ne disposais pas d’une usine à Chocapic, même modèle réduit, ça risquait d’être un peu tendu. Et puis, la veille du jour J, une consultation professionnelle me donne un espoir : « c’est facile, yaka les enrober, tu fais fondre du beurre de cacao au bain-marie, tu mets ton pandan un peu tempéré, tu mixes et tu pulvérises » Ah, d’accord. Bon, et ben on va tenter. Mais je ne suis pas convaincue de pouvoir reposer mes lauriers sur l'expérience. Et puis on va pas mettre des bougies sur des céréales de sale mioche. Donc …
Après réflexion intense (oui, encore, je suis très réfléchissante), j’ai choisi le tiramisu. Parce qu’elle aime pas ça. On croit rêver. Elle aime pas ça, elle aime pas ça, mais non, c’est le café qu’elle aime pas, mais on peut faire un tiramisu qui n’en sera plus un, sans café, why not avec du thé ? Ça, le thé, elle aime (« je t’ai montré ma collection de thé ? non ? alors là, c’est le thé à la rose, au gingembre, thé aux artichauts (?), aux châtaignes, earl grey, Jaïpur, fumé de Chine, noir du Japon, violet d’Ouzbékistan … Et je t’ai raconté le thé au beurre du Népal ? … c’est complètement dingue… »)
Et puis un tiramisu à la crème de marron, je le sens bien. Ce sera donc un tiramisu matcha marron, association déjà tentée – déjà approuvée.
Reste à considérer que, dans une assemblée constituée de gens normaux, forcément, y’en aura les ¾ qui seront un poil qui développeront une réticence réflexe au matcha. Et oui, c’est assez fou mais figurez-vous qu’il existe des gens qui ne se tiennent pas du tout au courant des tendances culinaires (oui je sais, le matcha a passé depuis un bout de temps son heure de gloire ; la preuve, y a des éclairs au matcha chez Fauchon. Au fait vous saviez qu’il y avait des Kit Kat au matcha ?). Toujours est-il qu’il faut bien les nourrir, ces cons. Et puis un anniversaire sans chocolat, c’est pas un anniversaire. Alors de petits fondants chocolat crème de marron, fondants, mais fondants …
Et les Chocapic dans tout ça ? Ne partageant pas du tout cette addiction, le passage à la caisse avec la boîte – forcément uniquement dispo en format maxi famille nombreuse décomposée recomposée – m’a été assez douloureux. Mais qu’est-ce qu’on ferait pas … alors je l’ai fait. Les voilà, les Chocapic au pandan, les Chocapan :
Ça n’a pas marché aussi bien que j’aurais voulu et ça a été beaucoup plus salissant que prévu, mais quand même, le résultat atteste d’un effort certain. Voilà comment je relève les défis.
Alors, heureuse ?
A part ça, les grèves ont transformé la semaine en mini hibernation et, outre ces occupations culinaires, je me suis laissée tentée par un petit reportage fort intéressant : la guerre du Camembert (disponible sur le site d’arte jusqu’à mardi). 45 minutes d’un sujet si caricatural qu’on touche à l’absurde. Choisissez votre camp : le gentil Mr Meslon, l’encyclopédie vivante du Camembert – la grande classe quoi – ou le méchant Mr Morelon, Directeur de la communication de Lactalis ? Quelques lettres et un océan de fromage les séparent … Du coup, ça m’a donné envie de revoir Mondovino. Me voilà donc calfeutrée au chaud, trop effrayée par l’idée de me faire attaquer par un camembert japonais ou une bouteille de vin au petit goût de toastiness de cette face de rat de Michel Rolland …
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Tiramisu au thé matcha et à la crème de marron
Une vingtaine de boudoirs
250 g de mascarpone
3 œufs
150 g de crème de marron C.F.
2 cs de thé matcha
Diluer une cuillère à soupe de matcha dans une demie tasse d’eau (25cL ) frémissante. Laisser refroidir.
Mélanger le mascarpone aux jaunes et ajouter la crème de marron.
Monter les blancs en neige ferme et les ajouter délicatement à la crème de mascarpone.
Tremper rapidement les biscuits dans le thé et les étaler dans un plat de service (le même que celui de mémé mais en mieux, genre simple, transparent, sans les fleurs quoi) ou, en version individuelle, dans de jolis verres, comme ces splendides verres à martini qui devraient servir aux apéros mais y en a pas tous les jours chez moi des apéros, cause proximité aïeule, ce joyau du patrimoine hellénique.
Verser une couche de crème, superposer une couche de biscuit, puis une couche de crème.
Laisser reposer au frais au moins 4 heures, voire douze.
Au moment de servir, tamiser une cuillère à soupe de matcha.
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Fondants marron chocolat
350 g de crème de marron
65 g de chocolat noir
50 g de beurre demi-sel
2 œufs
Préchauffer le four à 170°.
Faire fondre le chocolat au bain-marie. Ajouter le beurre, puis la crème de marron, bien mélanger. Hors du feu, ajouter les œufs l’un après l’autre et bien homogénéiser.
Verser dans des moules à mini muffins, mini cakes … et enfourner un peu moins d’1/4 d’heure – selon les fours. Laisser refroidir avant de démouler.
Version originelle grand format : 500g de crème de marron, 100g de chocolat, 100g de beurre, 3 œufs. Cuisson : une vingtaine de minutes