jeudi 26 avril 2007

Xe om adventures : ça continue ... - ou le Banh Phu Si du réconfort

A Saigon, quand on est une mauviette responsable et prudente et qu’on ne loue pas de moto, on circule en xe om, les fameux motos-taxis. La plupart du temps, inutiles de les chercher, ils sont postés à chaque coin de rue, roupillant sur leur bolide ou sirotant une coconut en hélant les touristes (« motorbike, motorbike miss ! »). Rien d’officiel là-dedans, il est plus que probable que la majorité d’entre eux s’improvisent chauffeur s’ils voient passer un touriste qui leur plaît. Bref, c’est bien pratique, relativement peu onéreux, sans heure limite, et on ressent véritablement les vibrations de la ville, Saigon l’intrépide. C’est probablement la meilleure façon d’observer le brouhaha de la ville, lorsque l’on parvient à décrisper mâchoires et mains, et à calmer les petits sursauts d’angoisse. Car il n’y a apparemment aucun article du code de la route qui soit connu ou respecté ici, pas de feux, pas de priorités, pas de casques, pas de limites de vitesse, pas de courtoisie … Les rues sont sens dessus dessous, débordant de motos : des millions de honda immobilisées dans le capharnaüm, transportant aussi bien des pains de glace que des machines à laver, en plus des cinq membres de la famille (le père au guidon, la mère à l’arrière, deux petits au milieu, tranquillement endormis, et un bébé cramponné au à l’avant).

Il arrive souvent que l’on ait des difficultés de communication avec les xe om … D’abord, montrer l’adresse sur une carte, attendre quatre bonnes minutes que le chauffeur relève le nez, comme sortant d’une longue discussion avec Bouddha himself, puis négocier le tarif : « bao nhieu ? » (Prononcez bao niou, l’air pressé, sans omettre le regard légèrement blasé de l’expatrié de longue date). Ensuite commence une autre histoire. Sur le chemin, on se s’étonnera pas de prendre les énormes artères en sens interdit, de s’arrêter demander la route à un pote, d’entendre le chauffeur nous faire des récits sans fins, malgré nos protestations d’incompréhension. Finalement, on y arrive, parfois un peu secoué, mais vivant.


Je sais, je sais qu’il faut rester calme ici, ne surtout pas perdre ou faire perdre la face, ne jamais oublier qu’à l’étranger, l’étranger c’est nous … Mais vraiment, y a des jours, … Sans compter les 40° qui chauffent l'ambiance, la lambada et/ou la b.o de Titanic en toile de fond (ne demandez pas pourquoi), le trou de la couche d'ozone ... j’en perdrais presque toutes mes notions d’interculturel. J'y travaille, mais pour l'instant, c'est comme ça, c'est cyclique.
Après m’être fait rouler dessus (volontairement) par un vendeur de bananes en charrette hier après-midi, visiblement de mauvais poil, j’ai eu droit à ma nouvelle aventure xe omesque ce midi. Rien de bien méchant en soi, le chauffeur s’est juste arrêté trois fois pour demander le chemin de la rue la plus connue de la ville, avant de me faire descendre, monter sur la moto d’un collègue, redescendre, remonter, redescendre parce que je ne voulais pas payer plus cher que le prix fixé, puis finalement remonter. Et voilà - sans entrer dans les détails des vulgaires paroles qui ont alors explosé dans les cris et les larmes - comment j’ai perdu la face (c’est pas comme si c’était la première fois, cela dit).

Avec tout ça, j’avais bien besoin d’un petit remontant. Et c’est là qu’on s’aperçoit que toute cette litanie sur les motorbikes n’était que prétexte à présenter le splendide, le magnifique Banh Phu Si, gâteau martien indescriptiblement addictif à la noix de coco et à la pâte de riz gluant (c’est en tout cas ce que j’ai cru identifier), tout rond, tout mignon. C’est pas de la haute gastronomie, beaucoup de sucre et peu de nuances dans les saveurs, mais un duo de textures à tomber, une alliance du moelleux et friable au gluant et élastique … de la junk food alternative viet !
Certains ont des réticences vis-à-vis de la couleur, mais il faut quand même avouer que c’est plus beau d’un mac Flurry, non ?


Demain, publication du 1er reportage de la saga de notre envoyée très spéciale Jen La Motarde : « Petits épisodes extraordinaires d'une vie banale », ainsi qu'un documentaire sur la survie des blattes et lézards en milieu expatrié.



ça y est, je me suis défoulée. Merci de votre attention.

lundi 23 avril 2007

Mon programme pour la France : variations libérales autour du Snickers

En ces temps difficiles, dans une période économique anxiogène voyant des consommateurs citoyens effrayés et boudeurs, le regard triste et la bouche tombante d'une vache affamée égarée au Tadjikistan ou au fin fond des cantons ruraux oubliés, je veux dire que le changement est possible.
Oui, vous qui avez été oubliés, délaissés, abandonnés, vous qui vous battez chaque jour de votre morne vie, vous à qui on a promis monts et merveilles pour mieux vous rouler dans la farine, je dis : une autre voie peut s’ouvrir. Imaginez, un monde où tout ne serait que joie et rires, douceur et plaisirs, moelleux et fondant …
Le temps des promesses et des tentatives finissant en ratés et gamelles est révolu, il faut aujourd’hui se tourner vers de nouveaux horizons, sans préjugés ni inquiétudes infondées. Le monde a changé, il est porteur de progrès ; et il est de mon devoir de vous guider vers cette nouvelle qualité de vie. J’ai dit que ma priorité était de donner à chacun le moyen d’accomplir ses rêves, de réaliser ses ambitions, de réussir sa vie. Vous avez assez peiné pour trouver LA recette qu'il vous fallait. Je le répète aujourd’hui, vous aussi, vous pouvez réussir vos goûters, et je veux vous donner plus que des mots, je veux vous montrer la voie, vous redonner le goût de l’aventure et du risque, afin que vous ne soyiez plus jamais déçus par vos recettes. Laissez de côté vos angoisses, et laissez vous séduire par la nouvelle moralisation du capitalisme financier, enjoy yourserlf version US :

Variations libérales autour du Snikers : muffins et cookies





Muffins volcaniques au Snickers



Ingrédients :
1 oeuf
150 gr de farine
Environ 120 grammes de Snickers (j’ai mis 3 mini snickers)
50 gr de sucre
100 gramme de yaourt
15/20 cL de lait
1/3 de sachet de levure

Préparation :
Mélanger la farine, la levure et le sucre. Dans un autre bol, mélanger l’œuf et le yaourt.
Couper les snickers en petits morceaux, en réserver quelques uns et ajouter le reste à la farine.
Verser le mélange humide dans le mélange sec et mélanger légèrement.
Verser dans les moules à muffins et ajouter un morceau de Snickers sur le dessus.

Cuisson :
20 min à 190°C … ça déborde, ça explose de caramel …



Cookies au Snickers



Ingrédients :
110 g de beurre mou
220 g de farine
1 oeuf
170 g de sucre
½ cc de levure
1 cc d’extrait de vanille
1 pincée de sel
Environ 140 grammes de Snickers (soit 4 minis)

Préparation :
Préchauffer le four à 180/200°.
Mélanger le beurre, la vanille et le sucre jusqu’à obtenir une consistance crémeuse, puis ajouter l’oeuf. Ajouter la farine, la levure et le sel, puis les snickers coupés en petits morceaux.
Former des petites boules légèrement aplaties et les disposer sur une feuille de papier sulfurisé, en les espaçant bien.
Enfourner 12 minutes … en surveillant.


Ps : le petit jeu consiste à repérer les phrases tirées du discours d’un certain candidat présent au 2nd tour des élections.

samedi 21 avril 2007

Flammekueche du nord et pizza du sud

Quand on vit à 15 000 kilomètres de chez soi, on a parfois des envies subites, surtout quand on passe plusieurs heures par jour à décrire par le menu tous nos plats préférés.
Sachant que parmi les 3 colocs restant (le 5ème ayant quitté les lieux après avoir été déclaré "maillon faible"), nous avons : un gars du Nord, une fille de l'Est et une fille perdue entre Limoges et Orléans, question :
quel sera le menu du soir ?

Comme je me voyais moyennement faire une tarte à la Tiger Beer ou une choucroute garnie à la saucisse vietnamienne, la solution a été apportée par une flammekueche. Car la fameuse tarte flambée cumule les avantages :

- elle comble à la fois le gars du nord et la fille de l'est
- elle crée les conditions d'une soirée de débat sur le thème de ses origines
- elle comporte une pâte qui peut tout aussi bien servir à la réalisation d'une pizza, réclamée par la fille qui ne sait pas d'où elle vient, mais peut-être d'Italie, après tout

Evidemment, il a fallu ruser avec les ingrédients vietnamiens, mais le résultat était plutôt pas mal.



Flammekueche "débrouille toi avec c'que t'as"

pâte (pour 2 flammekueche ou une, et une pizza) :

  • 300 grammes de farine
  • 1 cc de sel
  • 1 cc de levure
  • 2 cs d'huile
  • de l'eau (environ 200mL)

Mélanger tous les ingrédients et ajouter de l'eau au fur et à mesure, jusqu'à obtenir une pâte lisse et homogène. Pétrir jusqu'à épuisement et laisser reposer au moins 1h.

garniture :

  • 100g de fromage blanc ==> 100 g de yaourt pour nous
  • 100g de crème fraîche ==> 3 portions de Vache Qui Rit
  • 150g de lardons très fins ==> du jambon coupé en allumette
  • 1 ou 2 oignons émincés très finement
  • sel (très peu, les lardons sont déjà très salés) et poivre

Préparation :

Préchauffer le four à 220°
Etendre la pâte le plus finement possible.
Mélanger le fromage blanc et la crème. Etaler cette crème sur la pâte puis disperser dessus les oignons et les lardons. Saler et poivrer.
Enfourner 10 minutes environ.



Verdict : Personne ne m'a questionné sur la nature de la garniture ... Comme quoi, heureusement que la France est passée par là et a légué au Vietnam le goût de la Vache qui rit !


Explosion de saveurs et de budget au Camargue, et futur essai en cuisines

Hier soir, l'envie nous prit de tester le restaurant Le Camargue, pour une grande occasion non déterminée : était-ce pour célébrer la fin de mes 2 jours de stage, l'arrivée au Vietnam du chéri de Marion, ou la mort de la grosse blatte de la salle de bain, Dieu seul le sait.
Quoi qu'il en soit, l'idée fut bonne, et nous n'avons pas été déçu.
Le Camargue est un restaurant français au coeur de Saigon qui, comme tous les restaurants français ici, affichent des prix haut de gamme, c'est-à-dire un peu plus de 10 euros le plat... La clientèle est donc quasi exclusivement étrangère : touristes, expats, ou américains cinquagénaires ventripotents entourés d'une armada de vietnamiennes en string de 25 ans (les vietnamiennes, pas les strings).

L'endroit est magnifique et vraiment très agréable ; le restaurant se situe sur la terrasse d'une ancienne villa coloniale française, le rez de chaussée étant réservé au bar Le Vasco's.
C'est probablement un des meilleurs restaurants de la ville pour un dîner romantique éclairé aux chandelles et à la lumière des loupiottes accrochées aux immenses palmiers.

Ayant traversé des semaines et des mois de riz et de salade de papaye verte, notre imaginaire culinaire s'emballait et ne savait plus où donner de la tête. Alors, après de longues minutes d'angoisse à l'étude du menu ("C'est horrible, je vais jamais y arriver, vas-y, je ferme les yeux, choisis pour moi je t'en supplie !"), nos choix se sont finalement portés sur :

- les brochettes de Saint-Jacques poellées sur lit de petits légumes du jardin, pour Marion et Olivier
- le confit de canard, sauce réduite aux pruneaux et gnocchis de potirron aux herbes, pour Mathilde
- duo de thon, tartare au wasabi et ventrêche grillée sur purée de pois chiche au parmesan, sauce choron, pour moi

Verdict : présentation soignée mais pas bobo (ils n'ont pas cédés à l'appel de l'assiette carrée..), beaucoup de finesse. Chacune des cuissons étaient parfaitement réussies (notamment le tartare), de très bons produits et des quantités "juste ce qu'il faut". Mention spéciale aux gnocchis de potiron, délicieusement parfumés et fondants, et à mon tartare au wasabi, picotant un peu mais pas trop.

duo de thon, tartare au wasabi et ventrêche grillée sur purée de pois chiche au parmesan, sauce choron




confit de canard, sauce réduite aux pruneaux et gnocchis de potirron - brochettes de Saint-Jacques poellées et petits légumes

Un petit dessert ?


Profiterolles au praliné, sauce pistache


En partant, j'ai été voir le chef, assis au bar, pour le féliciter. Mes colocs étant des gens formidables, ils m'ont dégotté un stage d'été en cuisines, juste en demandant "Vous n'auriez pas besoin d'une assistante par hasard ?" Je vais donc peut-être travailler là en juillet-août, histoire de savoir s'il faut vraiment que je me lance dans la cuisine. Affaire à suivre.


***

Première conclusion : un excellent resto, où le service est très agréable et efficace - ce qui est suffisemment rare à Ho Chi Minh pour être noté. Un seul regret : ne pas avoir pu goûter une des bouteilles de la belle carte des vins. Mais bon, la note équivallait déjà au budget d'un mois de repas vietnamiens ...

Deuxième conclusion : toujours avoir des colocs avec soi.

***

LA CAMARGUE / VASCO'S BAR
16 Cao Ba Quat
District 1 Ho Chi Minh Ville- Vietnam
Tel: (84-8) 824 3148/9
Ouvert uniquement le soir - réservation conseillée

vendredi 20 avril 2007

Chapitre 1 : où l'on se jette enfin à l'eau, et muffins banano-coco-choco

Après moult hésitations et réflexions angoissées, je me décide à me lancer dans l'aventure bloggesque, culinaire qui plus est. J'en avais envie depuis bien longtemps, pourquoi attendre plus ? Je cède donc à la tentation, profitant du temps libre que m'offre l'expatriation temporaire au Vietnam (sous couvert d'échange universitaire), et ignorant les commentaires de certains journalistes sur la prétendue nullité/inutilité de la plupart des blogs de cuisine.

On trouvera ici de petites recettes surtout sucrées, réalisées avec les moyens du bord (difficile de trouver du Valrhona, du matcha ou de la fleur de sel ici ...) et selon les envies du moment ou les suggestions de mes chers colocataires, nostalgiques de la bonne chère de leur terroir.

Pour commencer, une recette de base, quotidienne et indispensable : les muffins.
Car évidemment, et malgré les moqueries de certaines mauvaises langues que je ne citerais pas, je ne serais jamais partie pour 6 mois sans emporter mes petits moules !
Donc, muffins à ma façon (c'est à dire sans beurre, dont je ne suis pas fan), au chocolat, et comme on profite des produits locaux, on ajoute des bananes et de la noix de coco.

Muffins banano-coco-choco




Ingrédients

100 g de farine
40 g de noix de coco séchée
50 g de sucre
1/2 sachet de levure
50 g de chocolat concassé
1 oeuf
1 yaourt nature
lait (10/15 cL)
1 cc d'extrait de vanille

Préparation

  • Préchauffer le four à 180°

  • Dans un saladier, mélanger farine, levure, noix de coco, sucre et pépites de chocolat

  • Dans un autre saladier, battre l'oeuf avec le yaourt, ajouter la vanille et le lait

  • Verser le mélange humide sur le mélange sec et mélanger (mais pas trop, la texture doit rester assez grumeleuse). Rajouter un peu de lait si nécessaire.

  • Verser dans les moules à muffins (parsemer d'amandes effilées ou de noix de coco) et enfourner 20 minutes (un peu plus ou un peu moins selon le four)

Si vous n'êtes pas soumis à une température avoisinant les 40° à l'ombre et 90% d'humidité, jettez-vous dessus dès la sortie du four... sinon, mieux vaut patienter quelques minutes, sous peine de voir le festin gâché par la sueur qui le noiera.