dimanche 14 octobre 2007

Il fait froid, restons calme : orange curd au pavot, bouchées fondantes pomme-amande, gâteau figues, poires, pistaches

Je sais pas vous mais, à mon humble avis, le monde est un peu froid ces temps-ci. Objectivement et météorologiquement, j’ai froid, mais c’est surtout un grand vent de froid dans le dos qui claque sur moi - aïe - quand je jette un bref coup d’œil - aïe bis - sur mon agenda ministériel. Ok, le second point manque tendancieusement d’objectivité, mais 1/ on ne va pas retomber dans ce ridicule débat de l’objectivité, la vraisemblance et tout le bla bla ; un tas de gens au top de leur puissance intellectuelle a déjà planché sur le sujet pour parvenir à la conclusion que l’objectivité, c’est comme le concept de poules à dents, c’est pas demain la veille qu’on la croisera sur son chemin, 2/ j’ai vraiment la désagréable impression d’avoir une foultitude de choses à faire dans un temps qu’on pourrait qualifier de scandaleusement limité.

N’étant pas dans l’immédiat une superstar en possession d’une villa en milieu tropical, spa included, et d’une paire de lunettes assortie – modèle mouche ou aviateur, au choix – pour me ressourcer et faire un break, je me contente de m’emmitoufler de plusieurs couches de tissus divers et de faire face et front à ce monde hostile, en adoptant une attitude de calme et d’apesanteur toute lagerfeldienne.

Voilà donc comment, en vrac, tout pourrait très bien se passer, si ce n’était … mais aussi pourquoi, en vrai, tout va bien se passer :
- la révolution Orange, ou comment ruiner une image de marque en trois semaines d’attente de mise en service d’une très simple ligne internet, cinq appels au « service » assistance technique, soit plus de trois heures à 0,34 centimes la minute, une quinzaine de répétition de mon numéro de client (d’abord délicatement pianoté sur le clavier, franchement tambouriné un peu plus tard, puis férocement claironné - ce qui pourrait aboutir à une fanfare complète, si on y pense) et un nombre indécent de paroles vulgaires diverses adressées à mes douze interlocuteurs, originaires d’au moins six zones géographiques différentes (plate-forme de Tunisie, du Maroc, d’Afghanistan, mais aussi de Fontenay-sous-bois, de Colombes-la-Garenne, voire, incroyable mais vrai, carrément de Paris).
Le mot de la fin n’a pas encore été prononcé, mais je garde l’espoir d’être prochainement connectée, et reste de glace face à l’adversité technologique.


- la crise de l’immobilier, en partie cause du gel de mes os : jamais de soleil, pas de chauffage et une température avoisinant constamment les -10°, ce qui peut être pris du bon côté si on considère, d’une part, les scènes improbables où je sors de chez moi engoncée dans un col roulé et un manteau fourré tendance pôle nordiste, et découvre avec stupéfaction que les gens normaux sont en débardeur et tongs - même pas brandée ump - dehors ; d’autre part, que je pourrais être une des dernières survivantes lors de la prochaine canicule qui, selon les ouï-dire, serait imminente - et dieu sait que les ouï-dires sont des gens de raison, ce qui démultipliera conséquemment mes chances de succès triomphal dans la vie.


Autre preuve que la persistance paye en matière d’immobilier : certaines personnes de mon entourage trouvent finalement un logis plus que décent, à trois minutes à pied de chez moi si on a l’itinéraire correct en tête, donnant lieu à une pendaison impromptue ressemblant fortement à un squat si ce n’était le champagne dégusté à même le carrelage, très froid lui aussi mais bien sympathique car enfin parisien (ndlr : je n'ai rien contre les carrelages non parisiens, c'est simplement que cette caractéristique permet d'éviter une luxation de l'épaule droite en raison de conversation téléphonique de plus de trois heures par jour avec la locataire dudit carrelage).

Bon, je pourrais continuer sur les causes d’inquiétude assez longtemps (la fuite du temps, la montée du niveau des eaux, la hausse du prix du beurre, l’hostilité de mes cheveux le matin, les cours de stratégies d’innovation qui m’empêcheront d’assister au séminaire de gastronomie moléculaire de jeudi prochain), mais préfère insister sur les motifs de réjouissance, notamment en matière culinaire, puisque tout ce manque de chaleur humaine et physiologique m’a conduite à me réchauffer sur quelques voies inexplorées, à savoir :
De l’orange curd au pavot, accompagné – ou l’inverse – de bouchées fondantes pomme-amande, et d’un gâteau poires, figues et pistaches, tout trois fortement conseillés en cas de grand froid.

Remerciement au passage de la reine Mathilde pour être une fois de plus à l’origine de l’idée de cet orange curd au pavot, puisqu’il faisait partie du pack cadeau « aménagement imminent en milieu urbain ». Je ne sais plus trop d’où m’est venue l’idée, mais une chose est sûre : recette à faire et à refaire les yeux fermés – mais pas trop. Doux, acidulé, crémeux, léger croquant et amertume du pavot : à tartiner sans modération. Les petites bouchées ne sont pas mal non plus, fondantes et chaleureuses à souhait. Ok, c’est encore une adaptation d’une recette de muffin et j’aurais pu les appeler des mini-muffins, so ?

Quand au gâteau – sur base de gâteau au yaourt qui a fait ses preuves, il est spécialement conçu pour tenir chaud au corps – mais pas que. Figues, poires, pistaches, fleur d’oranger, miel et huile d’olive : en un mot, grequisant. J’ai été baptisée à l’huile d’olive, et n’ai goûté d’autres huiles que très récemment.
Chez moi, l’huile d’olive - grecque ou rien, c’est pour tout, sur tout et partout : cuisine, cheveux, corps, maux de gorge, maux de pieds, et gâteaux, évidemment. (si je mentionne que mon grand-père met de l’huile dans son café le matin, ça prend peut-être plus de sens) L’association fonctionne plus que bien, dangereusement bien, même.

Bref, voilà les recettes, mais avant, un autre motif de réjouissance : le Salon du chocolat le week-end prochain, où l’on pourra retrouver Pilêo, une innovation de rupture à tomber ou je ne m’y connais pas, que l’on peut également apercevoir dans le dernier Elle à Table.

Sur ce, restez calme, tout va bien se passer.

***
Orange Curd au pavot

Pour deux petits pots (cf. photo)
1 dl de jus d’orange (1 orange ½ dans mon cas)
zeste de 3 oranges non traitées - ou traitées mais alors après venez pas vous plaindre
75 g de sucre de canne
15 g de graines de pavot (1cs environ)
2 œufs
50 g de beurre
15 g de maïzena (1cs)

Laver et sécher les oranges, puis les râper pour en prélever le zeste. Si vous êtes un prolo de base/pas encore toque étoilée et que vous n’êtes donc pas en possession de cet ustensile formidable qu’est un zesteur (si si, ça existe, tout comme le séparateur de blanc et jaune des œufs et autres symboles de la modernité culinaire), utiliser une râpe très fine.
A ce stade, vous avez les main plus oranges que votre LiveBox qui fait mine de ne rien comprendre, vous en avez déjà un peu marre, mais vous continuez, rapport au cadeau que vous vous êtes mis en tête de faire à votre copine qui emménage enfin à la capitale et qui a bien besoin de quelque chose à mettre sur sa tartine.
Pressez une orange et demie.
Dans une casserole, mélanger le jus d’orange, le zeste, le sucre, les graines de pavot, les œufs et le beurre coupé en petits morceaux.
Mettre à chauffer à feu doux et fouetter. Lorsque le mélange est chaud, tamiser la maïzena d’une main tout en continuant de fouetter de l’autre – scène assez drôle.
Continuer de fouter – NEVER STOP FOUETTING – jusqu’à ce que le mélange ait épaissit, environ 5 minutes.
Laisser refroidir, verser dans un ou deux ou mille tout petits pots, fermer et mettre au frigo.
Evidemment, lécher la casserole en vous étonnant de ce subtil mélange de saveurs, vous qui étiez persuadée de réaliser ce met dans un élan de cœur purement altruiste - vu qu’en matière de tartinade, vous étiez restée bloquée sur la purée de noisette saupoudrée de pralin, alors qu’en fait, vous vous découvrez une passion déraisonnée pour ce truc.

***
Bouchées fondantes pomme-amande


Pour une trentaine :
120g de farine
30g de poudre d’amande
50g de sucre de canne
5 g de levure (1/2 sachet)
1 pincée de fleur de sel
2 petites pommes (Royal Gala)
50g de beurre fondu
1 œuf
15 cL de lait
½ cc d’extrait d’amande amère
amandes effilées

Préchauffer le four à 200°.
Mélanger la farine, la poudre d’amande, le sucre, la levure et le sel.
Laver et éplucher les pommes et les couper en petits dés.
Dans un autre bol, mélanger le beurre fondu, l’œuf, le lait et l’extrait d’amande, ajouter les pommes.
Verser le mélange humide sur le mélange sec et bien travailler la pâte – donc pas comme des muffins …
Verser la pâte dans des moules à mini muffins et parsemer d’amandes effilées.
Enfourner 10 minutes en surveillant.
Déguster avec l’orange curd au pavot. miam.


***
Gâteau grequisant au poires, figues et pistaches,


qui pourrait être très rapide puisque sur base de gâteau au yaourt – déconcertante praticité du pot de yaourt comme outil de mesure – mais qui se complique concrètement puisque j’ai décidé de diviser les proportions d’un tiers, d’où :
- 1 pot + 1/3 de pot - 166 g de yaourt brassé nature
- 2 pots de farine – 160 g
- 1 pot + 1/3 de pot de sucre de canne – 125 g
- 1 cc bombée de levure chimique – 4 g
- 1 pincée de fleur de sel
- 2 oeufs
- 1 cs d’eau de fleur d’oranger – 5g
- 1/2 pot d'huile d’olive – 50g
- 5 belles figues – 280 g
- 3 petites poires au sirop – 225 g
- 40 g de pistaches torréfiées concassées (10 min à 200°)
- miel

Préchauffer le four a 180° C.
Beurrer un moule – carré pour moi, mais fonctionne aussi dans les moules à cake.
Laver et sécher les figues. Couper la moitié en lamelles fines et l’autre en petits dés.
Idem pour les poires : half lamelles, half dés.
Mélanger la farine, la levure et le sel. Mettre la moitié de poires et de figues coupées en dés dans le mélange de farine (pour ne pas que les fruits tombent au fond).
Dans un grand bol, fouetter le yaourt, le sucre, les œufs et l’eau de fleur d’oranger.
Ajouter en plusieurs fois le mélange de farine, puis ajouter l'huile, délicatement – le tout à la maryse.
Verser dans le moule, placer les lamelles de poires et de figues dessus, parsemer de pistaches et d’un filet de miel.
Enfourner environ 45 minutes - jusqu'a ce que le gâteau soit doré comme les blés.
Laisser tiédir et déguster sans trop attendre.

8 commentaires:

  1. Je découvre ton (je me permets le tutoiement en vertu du fait que je me reconnais dans tes paroles quant aux cheveux rebels ou la faim dans le monde;))blog avec bien du plaisir. Ce curd orange pavot risque de bientôt passer à ma moulinette, il est trop appétissant!
    D'autre part, j'ai goûté les fameux biscuits piléo et la pellicule de chocolat cahée à l'intérieur qui fond au dessus du café chaud vaaut le détour...
    A très bientôt!
    Louise

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  2. On est assez en phase dirait-on : tu restes calme, moi je relativise (cf mon dernier post) (et aussi, je fais partie de ces très peu de gens qui emploient le mot "foultitude" - cf mon prochain post, demain matin).
    Allez, je repars avec ta recette de gâteau grecquisant, pas forcément parce que je suis une inconditionnelle de l'huile d'olive en dessert mais surtout parce que j'adore me compliquer la vie avec des proportions incalculables...

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  3. Tres interessant et gourmand tout ca! Malheureusement, ce n'est encore pas cette fois que j'assisterais au salon...

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  4. Une belle manière de rester calme ;-P! Tout est superbe...

    Bises,

    Rosa

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  5. Je retiens ta philisophie pour les jours où le temps rétrécira et l'angoisse pointera son nez!!

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  6. Superbes tes bouchées pomme-amande ! Miam miam !!
    Sur le temps je te rejoins, j'ai demandé à mon député il y a quelques temps de proposer une loi à l'Assemblée pour porter de 24h à 28h la durée de la journée. J'ai pas senti d'enthousiasme de sa part...

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  7. bon je suis contente de savoir que tout le monde est ok pour rester calme ... ça me motive

    Louise : je t'en prie, tutoie moi (je me situe dans la case 20-22 ans, le vouvoiement serait mal venu), et si je peux me permettre : où est-ce que tu as goûté les pileo ?
    Eleonora : je suis fan de cet esprit d'initiative, je m'inscris pour persévérer. je pense qu'il y a du potentiel d'adhérent à un grand mouvement révolutionnaire.
    Aurélie : j'ai remarqué qu'on a les mêmes tendances complexificatrices en matière de cuisine - et je relativise aussi ... je vais aller faire un tour de ton côté

    biz

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  8. Ton gateau me plait beaucoup, bien garni il est irresistible !
    L'orange curd me tente bien aussi, tres esthétique avec les graines de pavot !

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