dimanche 9 décembre 2007

Après le room service, le service traiteur : panacotta au lait de coco, compotée de mangue à la vanille

Après m’être fait laissée happée par le luxe et la douce langueur du room service la semaine dernière, cette fois-ci, c’est moi qui me colle au service. Je me lance dans le service traiteur, et c’est que le début – sans présomption aucune. Mais c’est quand même moi qui décide, qu’on soit bien d’accord là-dessus. Un dessert pour 12 personnes ? pas de problème. Après un curry ? no souci.

Et avec le retour impromptu d’une petite grève de derrière des fagots mercredi, on peut supposer qu’une nouvelle grève des couleurs est en train de fomenter enfin, pas sûr, considérant que demain est le jour glorieux de la célébration annuelle de ma naissance, et j’émets le vœu absolument silencieux que quelqu’un (dans un style génitrice biologique, voire maman) aura pensé elle-même toute seule sans que rien du tout ni personne ne lui suggère ni répète, qu’un robot (Kitchen Aid ou Kenwood, je suis pas raciste) serait accueilli avec quelques modestes feux d’artifice, champagne et autel sacré et consacré chez moi, d’où la nécessité imminente de tester moult préparations plus colorées les unes que les autres. Affaire à suivre. Grève des couleurs à venir, disais-je, mais avant ça, une petite douzaine de panacotta au lait de coco et compotée de mangue à la vanille.

Mais à part ça, quelque chose me tracasse. Nous sommes le 9 décembre, il reste donc 25 – 9 = 16 jours avant le grand déballage familial. Et je suis sans idée aucune. Et c’est pas les grands best of cadeaux des magazines qui vont me mettre sur la voie : un iphone, une boîte d’ oursons en guimauve vendue chez Colette, le coffret very very best of Johnny, une bougie parfumée au lilas d’Amazonie, un ensemble tapis et serviettes de bain léopard ? non, vraiment, j’ai un doute. J’ai besoin d’aide. (pour le bien de ma famille. Le reste, genre la reine M., je gère plutôt pas mal, dans l’idée)

Portrait robot des receveurs
:
- Femme urbaine, banlieue ouest proche Paris, entre 50 et 55 ans, racines grecques, pointes sèches, a déjà à peu près tout ce qu’elle veux. Elle aime : boire du champagne au bureau, Jean-Paul Hévin, faire le ménage – dans l’intimité, on l’appelle Madame Pschitt –, cacher la clef de l’appart sous le paillasson en collant astucieusement un post-it sur la porte « the key under the carpet ».
- Homme urbain, parisien expatrié à mi-temps en milieu campagnard, entre 50 et 55 ans, racines dijonnaises, a déjà à peu près tout ce qu’il veux. Il aime : croire et faire croire qu’il est agent secret, eBay, bricoler des motos, parler en sifflant – dans l’intimité, on l’appelle Monsieur Rossignol, cacher les moutons de poussière sous le lit, mettre France Inter pendant six mois pour faire fuir la fouine qui a élu domicile sous son toit (il parait que ça les fait fuir, mais visiblement, la fouine aime se cultiver).
- Jeune fille urbaine, banlieue ouest proche Paris, entre 18 et 20 ans, deux fois plus grande et plus blonde que moi, qui veut pas mal de choses, mais je sais pas trop quoi. Elle aime : MSN, les jeans slim, boire de la bière cachée dans le frigo, le 2, faire de la moto, s’ouvrir le visage en de multiples endroits, escalader le balcon quand elle oublie ses clefs, Odéon, les oursons en guimauve, le Paradis du Fruit. Note : se souvenir qu’elle n’aime pas le violet (d’où : arrêter de lui offrir chaque année des choses plus violettes les unes que les autres)
Toute suggestion est la bienvenue. Au nom de la famille, merci.


Revenons à notre nouvelle activité de traiteur, qui me ravit au plus au point, mais m’angoisse aussi un poil. Parce que c’est une chose de cuisiner pour des personnes connues, aimées, aimantes, papillesquesment ouvertes et tolérantes ; c’en est une autre de se jeter dans le vide, sans savoir si ce f… parachute va s’ouvrir ou non. Enfin, vous me direz (ou pas puisque vous n’en savez rien) que c’est pas non plus la Reine d’Angleterre, ni Lorie d’ailleurs. Mais bon, quand même, j’ai une réputation à faire naître.
Vous me direz aussi que c’est rien qu’une panacotta et des mangues, pas une bûche olé-olé à la truffe noire (biscuit moelleux aux amandes torréfiées, crème de mascarpone à la truffe noire, truffe noire fraîche à râper au moment de servir). Vous me direz enfin que c’est que 12 personnes, pas une assemblée constituante de 627 députés. Mais quand même.

Alors, ces mangues, qu’est-ce qu’elles disent ? il parait que c’est la saison, alors pourquoi, si on les lance en visant bien la vieille d’en face qui me regarde suspicieusement depuis maintenant 3 ans, on peut en faire des armes de destruction massive ? no problemo, un petit séjour de deux jours en milieu tempéré (sur le radiateur) leur fera le plus grand bien.

J’ai donc préparé l’essentiel at home, tranquillement. Les mangues compotent dans la vanille, c’est terriblement bon et parfumé, le mélange lait, crème, lait de coco, sucre est ready in a bottle. Le citron vert est zesté. Y a plus qu’à y aller. Ben oui, je vais quand même pas risquer de faire un trajet, aussi limité soit-il, avec douze verrines – que je n’ai pas – à la main ; d'abord, j'ai pas douze mains, et en plus, tout le monde sait que Paris est une ville dangereuse, voyez-vous, et les pilleurs de panacotta à l'étallage rodent à tous les coins de rue. Je vais donc les faire sur place.
Mais, suspens, comment va se passer mon séjour en terra incognita, à savoir une cuisine normale ? une cuisine où le magnifique four ferme de façon tout à fait hermétique, où les plaques sont nombreuses et pas de camping, où le frigo chromé fait bip bip quand on le ferme mal, où le congélateur n’a pas besoin d’être matraqué à coup de machette (ça veut rien dire, je sais) tous les deux jours pour éclater la glace qui empêche de le fermer, une cuisine où il y a de vrais beaux placards – et pas une immense armoire métallique, réplique exacte de celle des vestiaires de Prison Break –, et un sol ne présentant pas de caractère de type « lino à fleurs moches », datant du milieu des 50’s et ayant très mal vieilli depuis.

Ma foi, rien ne m’effraye, je me lance. Mais, oh oh, je maîtrise mal l’induction, et voilà que tout ça déborde violement et se répand joyeusement un peu partout, voire totalement partout. Une fois nettoyé, remplissage des verrines, mise au frigo. Oh oh, c’est bizarre, ça prend pas aussi vite que d’habitude. F… agar, on sait jamais quelle saute d’humeur va lui prendre, sale algue asiatique de mes deux.

Patience. Tout est bien qui finit bien, l’agar est dans un bon jour, la compotée resplendit de mille et un grain de vanille, le citron vert est bien vert, et les verrines ont une sacré tête de verrines. Ouf. Mission, partie 1, réussie. Y a plus qu’à attendre le verdict.
Va falloir que je me détende un peu avant de poursuivre ma carrière – j’ai le cœur fragile, quand même.

message personnel à l'attention de Dominique Wolton : Cher Dominique, sache que si j’entends encore une seule fois ta voix aigrelette de sale gnome de la communication (ndlr : 1,50m au garrot) à la radio, le matin, le midi ou le soir, je vomis, littéralement. Je veux te dire une chose : Dominique, je ne peux plus te voir en peinture, ni t’entendre, ni te lire. Certes, tu as eu une bonne idée, aux environs de la naissance d'internet, c'est-à-dire dans un autre siècle, mais trouves en une autre, je te supplie à genoux. Ne me force pas à prendre des mesures drastiques, qui te seraient sacrément douloureuses, dans l'esprit.

Le mot de la fin : à part ça, j’ai trouvé un stage de fin d'études (fin d'études !!!) chouettissime et mal payé. Vous vous en foutez pas mal. Pas moi.

***
Panacotta au lait de coco – compotée de mangue à la vanille



Pour 12 personnes
750 mL de lait
400 mL de lait de coco
350 mL de crème entière liquide
6 g d’agar agar
200 g de sucre

5 mangues
2 gousses de vanille
2 citrons vert

Couper les mangues en petits dés, verser dans un grand saladier. Couper les gousses de vanille dans la longueur, gratter les graines et les mélanger aux mangues. Placer sur un bain-marie pas trop fort et laisser cuire environ une heure, une heure et demie en mélangeant de temps en temps. Laisser refroidir et placer au frais.

Faire bouillir le lait, le lait de coco, la crème et le sucre. Ajouter l’agar agar, laisser frémir 30 secondes (en surveillant, sinon ça déborde et on a l'air assez con) et bien mélanger.
Verser dans les verrines et placer au frais au moins une demie heure avant de verser la compotée au-dessus, et de saupoudrer d’une pincée de zeste de citron vert.
Servir bien frais.

10 commentaires:

  1. Ces pannacottas sont superbes et si raffinées! Un vrai délice!

    Bises et bon dimanche,

    Rosa

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  2. Ton billet est mon grand kiffe du dimanche! Bravo pour ton stage de fin d'études (si ça peut te consoler, le mien n'a même pas été payé, a shame my dear!). Mais c'était un stage super enrichissant donc ça compense largement ;-)
    Pour les cadeaux, moi, mon truc, c'est de ne pas en offrir mais de faire de groooooos bisous aux gens que j'aime! Ce déballage m'écoeure, surtout quand je vois des gens déjà endettés jusqu'au coup se lancer dans des achats compulsifs sur Internet!

    Tes pannacottas me font grave de l'oeil!

    PS: t'as de la chance, les sous-vêtements violets ne sont plus à la monde, maintenant, c'est la ficelle minimaliste couleur jaune pisse ;-)

    Bises et à bientôt, merci encore pour tes billets qui me font du bien,

    Lisanka
    Outrée par le changement sur blogspot, c'est pô démocratique!

    http://cuisinezenwg.canallog.com/

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  3. va voir sur le blog de Deedee, y'a plein d'idées sympas pour les k do ;-)

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  4. mangue sur panna cotta, c'est le dessert par excellence super efficace. Sinon pour les Kdos, aucune idée car nous ne faisons que des kdos qui se mangent ou au moins de 10 ans...

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  5. WoW!!!!!!!!! Mais c'est genial ton truc!

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  6. Je voudrais un grand mouvement de foule, là, une ola générale !!!!!!!

    yeaaaaaahhh! 22 ans !!!!!!!!

    Bon, cessons tout cela...
    Cessons de rigoler, l'anniversaire, et pas le moindre, de la plus chouette copine que le monde ait portée !!!
    Eh ouais, je suis peut-être la seule à le savoir, mais le cookie masqué, c'est vraiment la plus chouette amie, la plus drôle, la plus fine et la lus doueé que le monde ait porté...

    Douée de ses dix doigts, la plus prometteuse des jeunes pâtissières (cuisinières??) qu'il soit, et je suis objective, c'est dire, la plus drôle et brillante actrice qui soit, la plus gentille et attentionnée des personnes que je connaisse, comment la résumer?? Je sais pas, renconrez-la et vous verrez par vous-mêmes.
    En fait je ne sais pas faire autant de compliments que nécessaire pour celle-là, alors je vous laiss juste imaginer...

    JOyEUX ANNIVERSSAIRE JEN !

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  7. Que la force du KichenAid (oui, j'ai mes préférences) t'accompagne ds tes nouvelles activités de traiteur (!!).
    Quant aux cadeaux pour ta famille, ne nous fais pas croire qu'une fille comme toi manque d'idées??!!!
    Happy birthday et happy stage à venir!

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  8. un petit délice de gourmandise ! voilà qui me fait tellement envie, par cette froide soirée d'hiver
    toutes ces couleurs me mettent en joie !
    ton blog me plait beaucoup, les recettes sont si savoureuses
    amicalement, patoo

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  9. Ahhhh !
    J'ai raté ton anniversaire :(
    Ca m'apprendra d'être trop occupée pour passer ici le dimanche et plus ouvrir mon lecteur rss.

    En tous cas j'ai encore adoré ton billet (l'évocation des cuisines, les injures envers l'agar...) et je préfère te le dire plutôt que ne pas te le dire :)

    Bon, sinon je suis ravie pour ton stage (si si) parce que je sais ce que c'est un stage pourri et mal /pas payé ^^

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  10. Ton billet m'a vraiment éclaté, je l'ai lu du début à la fin. Mais faut pas être vilaine comme ça avec l'agar agar c'est notre amie magique ! Non ?

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